Je ne sais pas ce qu’ils mettent dans l’eau à Veldhoven, aux Pays-Bas, berceau de Grimm Audio, mais je parierais qu’il y a une bonne dose de magie musicale dans le mélange.
La Grimm LS1, apparue pour la première fois en 2010, a été conçue à l’origine comme une enceinte de monitoring studio, ce qui rappelle les racines de la société dans l’audio professionnel depuis sa création en 2004. La LS1c en représente aujourd’hui l’itération la plus récente et le vaisseau amiral de la gamme LS1.
La meilleure manière de commencer à parler de la LS1c est sans doute de décrire ce que l’on voit. À première vue, la LS1c est une enceinte 2 voies composée d’un tweeter en carbone à dispersion large avec diaphragme TPCD (Thin-ply Carbon Diaphragm), développé en collaboration avec le fabricant Seas, placé sous un woofer/médium de 8 pouces également signé Seas. Le « c » de son nom fait référence à ce tweeter en carbone.
Ces haut-parleurs sont alimentés par 250 W pour le woofer et 100 W pour le tweeter, via des modules NCORE de classe D, de chaque côté. En configuration 2 voies, la LS1c revendique une réponse en fréquence de 35 Hz à 27 kHz (+0,5 dB / –3 dB).
Contrairement aux enceintes modernes en caisson étroit, la LS1c se distingue par une silhouette plus large et moins profonde.
D’après Grimm : « La théorie derrière la conception acoustique de la LS1 remonte aux années 1930 et 1940. Les caissons de cette époque étaient plats mais larges, ce qui déplaçait la fréquence dite du ‘baffle-step’ sous 250 Hz. En dessous de cette fréquence, le son est diffusé dans toutes les directions, alors qu’au-dessus, il devient plus directif, réduisant ainsi les réflexions sur les murs arrière et latéraux. Ces réflexions sont sources d’erreurs de phase perceptibles par l’oreille jusqu’à environ 250 Hz. Le large baffle permet donc d’atténuer ces interférences dans toute cette plage en dirigeant le son loin des parois réfléchissantes proches. »
« Depuis les années 40, on a compris que la diffraction aux arêtes du caisson dégradait l’image stéréo. Les côtés de la LS1 sont donc fortement arrondis grâce aux pieds. Autre avantage : la faible profondeur du coffret repousse les résonances internes au-delà de la fréquence de coupure du woofer, évitant ainsi toute coloration ‘boxy’. »
La paire testée était équipée des caissons optionnels Grimm SB1, transformant la LS1c en système 3 voies. Chaque SB1 s’intègre parfaitement sous l’enceinte et accueille un woofer Dayton de 10 pouces orienté vers le haut, amplifié par 400 W Hypex. Le SB1 utilise également la technologie Digital Motion Feedback pour réduire la distorsion.
Grimm précise : « Le SB1 avec DMF est une prouesse technologique. Grâce au ‘Digital Motional Feedback’, issu de l’industrie high-tech néerlandaise, nous avons atteint un niveau de distorsion extrêmement bas et un contrôle dynamique total. Avec le SB1, le système LS1 offre une distorsion minimale sur toute la bande audio et redéfinit la transparence. »
Avec les SB1, la bande passante descend à 20 Hz, ce qui en fait un élément essentiel du système.
À l’arrière d’un pied de chaque enceinte se trouvent : Analog In (XLR), Digital In (AES), Control In, Control Out et Sub Out. Les câbles Cat 5 fournis utilisent des connecteurs robustes Neutrik Ethercon. Ils véhiculent à la fois l’audio numérique AES/EBU, les données de contrôle et l’alimentation.
Un petit interrupteur permet d’assigner chaque enceinte en « Left » ou « Right ».
Deux accessoires optionnels accompagnaient le test :
* Le LS1r Remote (1650 \$), avec molette de volume, sélection de source et mute, plus deux entrées AES supplémentaires.
* Le LS1i USB Interface (1200 \$), qui permet d’utiliser la LS1c avec un ordinateur en USB et d’assurer les mises à jour firmware.
L’association la plus naturelle reste celle avec le Grimm MU1, utilisé ici comme serveur et lecteur Roon. Relié en Control Out vers la LS1c, il assure un fonctionnement fluide, sans besoin du LS1r ou du LS1i.
Selon le manuel Grimm : « Les signaux numériques sont re-clockés par un ASRC de haute qualité basé sur l’oscillateur du Grimm CC1. Les entrées analogiques passent par un convertisseur AD performant. Le DSP interne (48 bits, accumulateur 76 bits) traite le signal, chaque voie disposant de son propre DAC, suivi d’un amplificateur Ncore Hypex. Les SB1 utilisent chacun 400 W. Une grande attention est portée aux composants critiques, dont certains sont de conception maison. »
Le logiciel Grimm LS1 Control, disponible en application dédiée ou intégré à l’interface web du MU1, permet d’ajuster la phase, l’angle de toe-in, l’offset de volume, et les réglages de caisson.
La paire est arrivée dans 9 cartons sur une palette. Chaque enceinte est mesurée individuellement et corrigée dans son DSP. Le modèle testé arborait une superbe finition blanc HIMACS, mais d’autres options existent (noir laqué, bambou naturel ou caramel).
Le positionnement optimal dans le Barn a été trouvé avec un toe-in d’environ 30°, offrant une ampleur sonore saisissante.
Avec le Solodrumming de Fritz Hauser, la LS1c a révélé chaque impact, chaque réverbération, avec une clarté et une ampleur exceptionnelles.
Avec Crooked Wing de These New Puritans, les voix et instruments étaient projetés en 3D avec une précision stupéfiante.
Sur l’album Tether d’Annahstasia, la reproduction de la voix fut d’une intimité bouleversante, chaque souffle semblant tangible.
Quant au registre grave, d’abord perçu comme mesuré, il s’est avéré d’une précision et d’une richesse tonale remarquables, des orgues de Saint-Sulpice aux basses les plus profondes.
À près de 57 000 \$ avec le MU1, difficile de comparer la LS1c à un système passif traditionnel : la comparaison ne fait guère sens. Ce système est pensé comme une entité complète, un tout cohérent.
Après des semaines d’écoute, la conclusion s’impose : le système Grimm LS1c + MU1 est capable de transformer n’importe quelle pièce en salle de concert ou en club intime, avec une transparence et une pureté rares.
En définitive, les LS1c rejoignent le MU1 et le MU2 sur la courte liste des appareils capables d’aller droit au cœur de la musique. Mon conseil : oubliez la technologie, concentrez-vous sur ce que ces enceintes font quand elles jouent. Et ce qu’elles font, c’est offrir l’une des visions les plus limpides et dénuées d’artifice de la musique qu’il m’ait été donné de vivre.
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