C’est en 2019 que, en tant qu’utilisateur passionné de CD, je dois quelque peu abandonner mon aversion pour l’audio en streaming (en raison de la qualité sonore inférieure). De plus, la nouvelle musique est de moins en moins souvent publiée sur CD, et le nombre croissant de demandes pour tester ce type de produits m’incite à chercher un candidat approprié. Au cours de cette quête, je découvre le Grimm MU1, qui venait d’être lancé. Un lecteur réseau qui n’est pas seulement magnifiquement conçu sur le plan industriel, mais qui a également été développé out of the box par une équipe enthousiaste de jeunes prodiges dirigée par Guido Tent et Eelco Grimm. À mi-2023, un nouvel engouement se crée autour de ce fabricant néerlandais en pleine croissance. Cette fois, il s’agit du nouveau Grimm MU2. Un modèle qui ne sert pas de successeur à l’existant MU1, mais qui, grâce à son concept total encore plus intégré, offre une perspective rafraîchissante et différente.
Bien qu’à première vue, il semble y avoir de nombreuses similitudes entre les anciens et nouveaux lecteurs réseau, les différences s’avèrent rapidement plus importantes que prévu. Cela devient particulièrement évident lorsque je retourne les deux appareils. En effet, alors que le MU1, avec son bouton de commande doré caractéristique, est vraiment équipé comme une source numérique traditionnelle, le MU2 (avec son bouton argenté) s’avère être beaucoup plus une sorte de hub numérique/analogique grâce au DAC intégré développé par Grimm. Il n’y a d’ailleurs plus de sorties numériques, et à la place, trois entrées numériques ont été mises en œuvre. Une nouveauté est qu’il y a maintenant aussi de la place pour trois entrées analogiques, et grâce à la présence du DAC intégré, des sorties analogiques asymétriques et équilibrées sont également disponibles. Une sortie casque avec prise jack de 6,3 mm complète l’ensemble étendu.
Pour expliquer davantage ce qui rend ce DAC si spécial, je laisse la parole à Eelco Grimm – directeur créatif de Grimm Audio. “Notre Major DAC entièrement développé en interne, qui ressemble à une sorte de variante DSD modifiée, fonctionne non pas avec deux mais avec trois niveaux. Contrairement à la technologie numérique existante où il n’y a que du 0 et du 1, nous avons créé 1,5 bit avec notre Major DAC. Cela fonctionne comme suit : 0 est 100 % du temps 0. Un 1 est 50 % du temps 0 et 50 % du temps 1. Et le 1,5 est 100 % du temps un 1. La raison pour laquelle nous avons opté pour cette forme de conversion est d’éviter les problèmes de modulation typiques du DSD à 1 bit. Je suis très fier que le développement de trois ans ait été entièrement réalisé en interne, par le concepteur de traitement du signal et de système Gertjan Groot Hulze et le concepteur électrique et système Pieter Meijer. La raison pour laquelle nous avons pris cette direction est principalement liée aux imperfections des conceptions de conversion existantes. Ainsi, avec le DSD, le haut spectre ne suit pas linéairement l’intensité du signal, et par conséquent, le bruit dans la bande audio des solutions multibit est également presque impossible à obtenir complètement linéaire. Naturellement, notre conception à 1,5 bit est toujours confrontée à un bruit de fond particulièrement élevé. Il est donc nécessaire de bien filtrer ce bruit, et pour cela, nous utilisons un shaper de bruit de 11e (!) ordre. C’est extrêmement raide, et pour réaliser cela, un algorithme intelligent et un processeur puissant sont nécessaires. Celui-ci est bien sûr standard dans notre MU2 et consiste en un FPGA (Field Programmable Gate Array) puissant. Enfin, nous utilisons dans la MU2 nos propres horloges Grimm. Des trésors coûteux qui, comme pour le MU1, sont mesurés séparément et donc sélectionnés manuellement avant d’être finalement intégrés sur le circuit imprimé.”
En plus du traitement du signal numérique original, une attention particulière est également accordée à la voie de signal analogique dans le MU2, notamment pour préserver la beauté et la transparence des signaux de sortie du DAC soigneusement traités. La voie de signal analogique est donc entièrement symétrique, construite à l’aide de circuits, composants et d’une disposition de très haute qualité. Le signal est dirigé via une section de réglage du volume de première classe, basée sur des relais, permettant à la sortie analogique du MU2 de piloter directement un amplificateur de puissance. Pour terminer, les dimensions compactes sont de 35,5 cm de large, 8,5 cm de haut et 29,5 cm de long, avec un poids de 4,5 kg.
Bien que ce test se concentre principalement sur le nouveau MU2, je suis conscient que de nombreux acheteurs porteront également un œil sur le MU1 avec un DAC séparé. Alors, quelles sont les véritables différences pratiques et quel streamer est le plus adapté dans certaines situations ? Avant de commencer, il est bon de savoir que j’ai personnellement acquis de l’expérience avec le MU1 depuis quatre ans. Pendant cette période, j’ai beaucoup travaillé avec l’appareil, et il s’est avéré être un lecteur réseau particulièrement stable et très complet en termes de fonctionnement.
Les mises à jour gratuites fournies par Grimm ont continuellement élargi et amélioré l’appareil. Mais les plus grands progrès que j’ai réalisés sont finalement dus à ma recherche d’un DAC et de câbles optimaux selon ma propre vision. Cela a fait une grande différence et il est évident que cette possibilité, grâce au concept intégré de la MU2 (streamer avec DAC intégré), est beaucoup moins présente. Bien sûr, le nombre réduit de câbles nécessaires simplifie les choses et permet d’économiser de l’argent, mais gardez également à l’esprit qu’avec une MU2, vous pouvez moins ajuster le son par vous-même. Un autre point est que le menu de la MU1 (accessible via son adresse IP sur un PC, une tablette et un smartphone) offre beaucoup plus de possibilités que celui de la MU2. En effet, alors que vous pouvez par exemple régler l’upsampling sur 2x ou 4x avec la MU1, cette option n’existe pas avec la MU2 et est toujours activée en interne (8 fois). Mais Grimm ne serait pas Grimm s’il ne donnait pas également à la MU2 un atout majeur dans cette « lutte fraternelle ». En effet, la MU1 est liée au protocole AES/EBU obligatoire, tandis qu’avec la MU2, en raison du DAC intégré, cela a pu être complètement supprimé, et l’upsampler est donc connecté à une fréquence d’échantillonnage plus élevée et à une plus grande longueur de bit avec le DAC de forme d’onde. Cela se traduit par des avantages sonores significatifs et bien audibles, que je détaillerai plus tard.
En ce qui concerne la Grimm MU2, je peux dire que je me trouve dans une position assez unique lors de ce test. J’ai en effet eu la MU2 chez moi pas une, mais trois fois, tout en ayant également entendu son travail inspirant dans de nombreuses autres circonstances variées. Cela a varié entre des consommateurs à domicile, dans des magasins, chez l’importateur à domicile, chez des collègues, ainsi que lors de foires et de spectacles. Mais comment comparer équitablement une MU1 avec une MU2 ? Cela est déjà plus difficile que vous ne le pensez en raison du concept différent. Pour être aussi équitable que possible, j’ai décidé de choisir des combinaisons de câbles optimales mais différentes pour chacune. Cela permet d’atteindre le niveau maximal possible pour les deux. Pour la MU2, j’utilise donc un câble d’alimentation Nirvana PC+, tandis que la MU1 bénéficie davantage de la variante Nirvana SX. En ce qui concerne les interconnexions, j’utilise mes références AudioQuest Fire, AudioQuest Dragon et Siltech Royal Single Crown, en ajoutant pour la MU1 le câble numérique AES/EBU Siltech Golden Eagle II Double Crown de 110 ohms. Pour le DAC nécessaire à la MU1 – dans mon cas le Mola Mola Tambaqui – je choisis, selon l’amplificateur et la configuration des enceintes utilisés, des câbles d’alimentation Essential Audio Tools Current Conductor ou Siltech Royal Single Crown. Les amplificateurs intégrés sont le Zanden 6000 et le CH Precision I1, tandis que les amplificateurs de puissance sont le Soulution 511 et le Naiu Laboratory ELLA mk3. Les câbles de haut-parleur sont des modèles Nirvana SX ou Crystal Cable Monet, tandis que les enceintes utilisées sont les Master Contemporary C et Sigma Acoustics Ouverture 20th Anniversary. Enfin, pour la connexion de données, j’utilise d’une part une connexion Wi-Fi de haute qualité avec un client TP-link et le routeur à seulement 6 mètres de distance, et d’autre part un câble Ethernet CAT6 connecté à un commutateur SOtM sNH-10G.
Et les voilà, fraternellement côte à côte et presque indiscernables à distance. Comme les deux sont à la fois un cœur Roon et un point de terminaison, passer de l’un à l’autre dans Roon est un jeu d’enfant. Dans ce premier tour, j’utilise la MU2 en mode « bypass » avec le volume réglé sur « 0 dB ». Le contrôleur de volume analogique de haute qualité intégré est alors complètement désactivé. En raison du DAC intégré très différent, des chemins de signal plus courts et de la possibilité de supprimer le protocole de connexion numérique externe, je m’attends à une sonorité différente. Mais à quel point ? Je ne le découvre qu’une fois que j’entends les premiers accords de la MU2, qui a été acclimatée pendant plusieurs jours. Heureusement, ce nouveau venu est immédiatement reconnaissable comme un véritable produit Grimm. En d’autres termes : je ressens immédiatement ce caractère typique et particulièrement détendu. Une reproduction sans stress, sans exagération et avec une grande capacité de résolution sans jamais en faire trop. Il est également clair que la MU2 pousse encore plus loin ces « vertus Grimm » que la MU1. Bien sûr, il est toujours difficile de dire avec certitude, car je n’ai pas été impliqué dans le processus de développement, mais je pense que ce que je perçois est dû à l’absence du protocole AES/EBU ainsi qu’à la mise en œuvre réussie de leur propre DAC Major performant.
Cette description convient très bien aux autres caractéristiques sonores que la MU2 exhibe. La musique semble libérée, elle s’écoule de manière remarquablement fluide même avec des morceaux complexes et coule presque de la même manière que je l’entends généralement surtout avec des sources analogiques haut de gamme.
Et comme je l’observe avec un lecteur de vinyle et un magnétophone à bobines. Cette manière de présenter a un effet bénéfique sur le corps et l’esprit. Car vous ‘voyez’ et ressentez presque la musique avant que les sons ne deviennent réellement audibles ! Je veux dire par là que la restitution de ce nouveau modèle de Grimm se fait d’une manière fondamentalement différente de celle de la plupart des autres produits. Plus je l’écoute longtemps, plus il devient évident que les typiques « aspects mécaniques » qui caractérisent le numérique depuis ses débuts ont disparu dans une large mesure ! Une performance extrêmement impressionnante qui pourra faire la différence pour de nombreux mélomanes. Un autre aspect logique est que la capacité de résolution est également présentée de manière complètement différente. Elle est particulièrement au service de la musique et ce n’est pas un effet audiophile qui plane de manière constante au-dessus. La restitution globale est finalement si bonne et naturelle qu’il faut débourser un montant bien plus élevé pour vivre une expérience similaire avec une source numérique.
Pour le tour suivant, je réactive le réglage du volume dans les options du menu et j’utilise la MU2 pour contrôler directement les amplificateurs de puissance présents. Comment cela se passe-t-il ? De manière remarquablement bonne ! En ce qui concerne l’équilibre tonal et les caractéristiques, il n’y a pas vraiment de différence par rapport à un très bon préamplificateur. Donc, hautement résolvant, très neutre, transparent et presque sans caractère propre. La sortie de 3 volts est également très capable de contrôler efficacement les amplificateurs de puissance. Cela pourrait encore être mieux, mais pour cela, vous devrez investir considérablement dans un véritable préamplificateur haut de gamme. Pensez à des montants de 25 000 € et plus. Un montant qui est déjà bien supérieur au coût total de la MU2 et qui nécessite à nouveau plus d’appareils !
Et enfin, bien sûr, le match passionnant entre la nouvelle MU2 et l’ancienne MU1 bien établie depuis des années. Comme je l’ai déjà mentionné au début de cet article, le nouveau modèle n’est pas destiné à remplacer l’ancien. La MU1 est conçue pour les personnes qui souhaitent utiliser un DAC séparé de leur choix, qui veulent aller très loin en matière de réglage et qui ont également plus d’argent et d’espace à disposition. La MU1 est également dotée de plus d’options de menu, y compris des valeurs de suréchantillonnage réglables, un contrôle de sortie utile permettant de réduire la marge de tête de 3 dB si désiré, le mode à six canaux et, depuis la dernière mise à jour, la profondeur de bits de la sortie est même réglable. Cela permet, par exemple, avec certains DAC NOS, de réduire la profondeur de bits standard de 24 bits par paliers à 20, 18 et enfin 16 bits. La MU2 n’a pas délibérément ce genre de fonctionnalités. Cela a tout à voir avec le public cible visé. Des mélomanes qui préfèrent des produits de classe supérieure sans trop de complexité et de fioritures. Ces différences illustrent bien les différentes perspectives de chaque produit. Quelques paragraphes plus tôt, j’ai déjà écrit qu’une comparaison entre les deux est assez difficile, et cela est dû en partie au fait que la MU1 nécessite toujours un DAC séparé. Pourtant, il y a finalement quelques éléments à dire à ce sujet. Au fil des ans, j’ai pu essayer ma MU1 avec de nombreux DAC différents. Et même s’ils étaient tous différents, avec le temps, un dénominateur commun est apparu. Car, au final, chaque produit audio a une certaine signature propre.
Laissez-moi prendre le taureau par les cornes et dire que lorsque vous tirez vraiment le meilleur, il est selon moi possible d’obtenir une qualité sonore supérieure avec la MU1 par rapport à ce que la MU2 peut offrir. Voilà, c’est dit, mais je veux ajouter quelques nuances. Car cette qualité encore meilleure demande un prix beaucoup plus élevé et lorsque je fais le total, rien que pour la configuration avec la MU1 chez moi (MU1, Mola Mola Tambaqui et câbles), je me retrouve avec un prix deux fois (!) plus élevé que celui d’une MU2 ! Bien sûr, il est possible de dépenser moins, mais dans ce cas, l’avance de l’ancien modèle se réduit rapidement. Ce dans quoi la MU1 ne peut pas non plus mieux performer, même dans la meilleure configuration, c’est ce caractère spécifique et particulièrement fluide et communicatif. La MU1 apparaît alors, dans une comparaison directe, un peu “mécanique”. Lorsque vous la comparez à d’autres marques qui doivent également utiliser un protocole (AES/EBU, I2S, USB, etc.) parce que le DAC n’est pas intégré, cela ne se remarque pas. Mais une fois délivrée de cela, la restitution devient clairement plus fluide et souple. En ce qui concerne la présentation stéréo, il y a également des différences assez marquantes. La MU1 avec le DAC Mola Mola Tabaqui aime créer une grande image stéréo en 3D. Elle a une largeur qui s’étend au-delà des haut-parleurs, de la profondeur et même de la hauteur.
Les verhoudingen se correspondent très bien à ce que l’on perçoit par exemple dans une véritable salle de concert. La MU2 rapproche l’image, mais sans que la profondeur de l’image ne fasse défaut, car elle reste toujours impressionnante. Il n’y a pas plus de focus, mais le contact que vous avez en tant qu’auditeur avec les musiciens est fondamentalement différent. Appelez cela plus analogique, tandis que l’utilisation de la MU1 rend le son plus net et plus clairement transparent. On peut dire du bien des deux, mais ils sont donc assurément différents. Ce qui me plaît finalement dans la MU2, c’est que les concepteurs de Grimm ont réussi à rassembler tant de qualités dans un boîtier compact. Cela en fait finalement un instrument idéal pour le véritable amateur de musique. Les personnes qui, par exemple, trouvaient qu’un système Quad était le summum et qui recherchent encore un maximum de simplicité, un encombrement réduit et une qualité de reproduction qui permet d’écouter pendant des heures sans ennui ni fatigue.
Quelle belle évolution de la pensée Grimm déjà existante que ce nouveau lecteur réseau MU2 basé sur Roon avec DAC intégré. Là où Grimm a pris les devants avec le MU1, la MU2 pour 2024 vise à être plus accessible. De plus, c’est un véritable hub numérique/analogique. Tout (excepté l’amplificateur de puissance et les haut-parleurs) est intégré et de qualité particulièrement élevée, après quoi vous pouvez encore y connecter trois sources numériques et deux sources analogiques supplémentaires. Un amplificateur pour casque n’est pas en reste non plus. L’amplificateur (de puissance) est contrôlé par un régulateur de volume à relais de très haute qualité, que vous pouvez facilement manipuler via l’application Roon. Tout fonctionne si souplement et si bien huilé que l’on peut y voir et surtout l’entendre l’expérience de plusieurs années des concepteurs. En termes de son, la MU2 saura attirer un large public d’auditeurs. Cela est principalement dû à sa présentation magnifiquement décontractée et « libre ». Toutes les informations musicales sont ainsi entièrement perceptibles, mais la reproduction impose moins de pression à l’auditeur. Cela fait de ce lecteur réseau un membre de la famille plus intégral qu’un produit typiquement audiophile qui demande généralement plus d’attention. Cela indique également indirectement où se situent les différences entre la MU1 et la nouvelle MU2. D’une part, elles se chevauchent, mais elles possèdent également chacune leurs propres vertus et préférences. Il y en a donc pour tous les goûts et c’est un magnifique exemple de l’ingéniosité audio néerlandaise dans sa plus belle forme.
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