

Grimm est réputé dans le milieu Pro grâce
à ses horloges à ultra-faible gigue CC1
& CC2, son DAC UC1 et son système actif
LS1. La marque hollandaise aborde
le haut de gamme en offrant le meilleur de
son expérience, et cela paye à l’écoute du
MU1, car ce pur lecteur réseau et serveur
fait partie de l’élite de la dématérialisation.
Grimm a fait la démonstration de son talent
grâce au streamer/Dac/préampli MU2 récompensé dans le n° 271. Le MU1 présente le même
format carré en aluminium noir dépouillé et
sobre, dont le disque de commande supérieur est doré
(argenté pour le MU2). Doté d’un Core intégré, il nécessite
Roon pour lequel il est totalement optimisé, sa compatibilité UPnP étant imminente via un update programmé
passant par une mise à jour gratuite du software. Il est fortement conseillé d’opter pour un disque SSD de 2 TB, ou
supérieur, pour le transformer en serveur haut de gamme
parmi les meilleures sources numériques actuelles.
Pour y parvenir, Grimm s’est d’abord concentré sur le hard
en intégrant un NUC Intel i3 tournant sur Linux, et une interface FPGA propriétaire (Field Programmable Gate Array
– réseau de portes programmables). Ce puissant calculateur opère un suréchantillonnage avec une conversion de
tous les fichiers en PCM (24 bit/176.4 kHz ou 192 kHz selon le signal entrant lorsque l’upsampler est en mode 4FS),
et un de-jittering poussé pour des performances exceptionnelles. Le Grimm est de plus ouvert à de futures améliorations grâce à des mises à jour automatiques.
Grâce à la puissance de calcul de son FPGA, le MU1
peut appliquer le filtrage idéal appelé «Pure Nyquist »,
car conforme aux lois de l’échantillonnage numérique
établies par Harry Nyquist en 1928. Les filtres de suréchantillonnage et de sous-échantillonnage du MU1 offrent
une résolution maximale dans toutes les dimensions,
nécessaires pour restituer les détails microdynamiques
des CD comme des fichiers DSD. Le filtrage est réalisé en
une seule étape, sans compromis sur les extrêmes requis
en termes de chemin de données du signal, de résolution
du coefficient de filtrage et de longueur du filtre. Cette
technologie permet de réduire les erreurs des filtres des
convertisseurs N/A en aval, en remplaçant leur première
phase de suréchantillonnage interne, la plus gourmande
en calculs, par une étape de très haute précision exécutée
dans le MU1. Son horloge ultra-précise garantit un signal
de sortie au jitter extrêmement faible, améliorant la précision temporelle de tout DAC verrouillé.
La marque a collaboré étroitement avec Roon Labs, leader
actuel selon Grimm en matière d’application musicale
riche, performante et facile d’approche. Il suffit d’une
tablette ou d’un iPhone pour jouer toutes vos musiques,
même à partir d’un NAS. Le MU1 possède aussi l’interface
Web GRUI via un navigateur pour contrôler ses paramètres, et il prend en charge Qobuz & Tidal. La liaison vers
le DAC se fait soit en AES sur XLR (2 sorties), soit en S/PDIF
via RCA. Six entrées numériques sont aussi présentes, plus
un connecteur RJ45 de contrôle allant vers le système
Grimm LS1 actif. Enfin, la présence d’une alimentation
SMPS très silencieuse réduit le niveau de bruit.
Avec un streamer de cette qualité, il est important de
peaufiner chaque détail de la transmission numérique et
du réseau, comme la présence d’un switch Ethernet performant (ici de marque LHX AUDIO), ou aussi d’un filtre
EMI/RFI sur la prise RJ45. Mais il faut soigner également
le câblage, la qualité des alimentations, et surtout la qualité du DAC, qui doit être d’un excellent niveau, comme le
Mola-Mola Tambaqui ou mieux le Weiss Helios utilisés lors
de cette écoute. Il ne fait aucun doute que la restitution
des fichiers numériques progresse musicalement à grand
pas, surtout quand le lecteur est complètement optimisé
pour l’application Roon, avec un cœur intégré. Il faut se
méfier des jugements hâtifs sur les qualités d’un élément
ou d’un autre, mais bien avoir conscience que toute la
chaîne numérique entre en jeu dans le rendu final.
Il faudrait être difficile pour ne pas apprécier l’immense
palette d’expression du Grimm, qui excelle dans chaque
registre, tout en conservant l’ADN monitoring par une
transparence qui ne bride aucunement l’émotion, au
contraire, de plus sans aucune « rugosité» numérique.
Le MU1 impose en premier lieu une qualité extrême du registre grave, qui ouvre une scène sonore vraiment très
large et profonde, parfaitement stable et assise, apportant
une matière magistrale dans
ce secteur. Ce grave n’est aucunement là pour impressionner, mais pour reproduire l’entière bande passante
avec rigueur. Sur Night Club en live de Patricia Barber,
le sentiment de présence de la chanteuse est encore
plus réaliste, l’ambiance de la prise de son paraît admirablement crédible. Le Grimm MU1 se révèle comme un
véritable orfèvre des fichiers numériques.
En effet, il cisèle les textures harmoniques comme peu
de lecteurs numériques en sont capables, si le DAC se
montre à son niveau. Il est aussi exigeant, car tout défaut
ne sera pas masqué, c’est la rançon de cette intégrité
recherchée, sublimée sur les meilleures prises de son.
Le médium-aigu sait aussi être magique, comme la voix
de Sinne Eeg sur «Caravan», splendidement accompagnée par la contrebasse par Thomas Fonnesbæk, d’une
lisibilité parfaite. Ici se conjuguent naturel, neutralité, justesse et sens de la nuance, concrétisant une haute
résolution magnifiquement servie. Ce lecteur est capable
de sublimer la richesse harmonique et la dynamique des
instruments acoustiques, comme la trompette d’Alison
Balsom, splendide d’éclat et d’ouverture sur Baroque
Concertos (transcriptions), dirigée par Trevor Pinnock.
La réverbération est bien perçue, comme le volume de
la salle dont l’ampleur déborde des enceintes. Autre
exemple, la présence du clavecin de Jean Rondeau sur
les Variations Goldberg s’en trouve magnifiée, et les infimes variations de nuances aident à rendre plus sensible
l’interprétation, libre dans un espace retrouvé. Enfin, des
comparaisons faites entre le streaming et les mêmes
fichiers lus sur le SSD révèlent sur ces derniers une qualité
de restitution encore plus naturelle et pleine, ce qui fait
du MU1 un serveur d’exception.
Les hautes qualités musicales du MU1 ne sont aucunement dues au hasard, mais résultent d’une approche
mûrement réfléchie et maîtrisée par l’équipe de Grimm
concernant le passage du numérique à l’analogique.
Pas étonnant que le MU1 se rapproche tant de la fluidité
originelle, comme de la véracité des instruments et des
voix, chose extrêmement difficile à accomplir en numérique. Le budget à investir n’est pas mince, mais le Grimm
constitue certainement une des meilleures sources numériques actuelle, totalement ouverte sur l’avenir, et sur
la musique. Bruno Castelluzzo
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