Master Fidelity vient du Canada, c’est le nom de la marque, mais son nom de société est Merging Fidelity, fondée en 2015. Toutefois, ce qui fait vraiment dresser l’oreille des passionnés, c’est surtout la maison-mère de Merging Fidelity : Merging Technologies, une société suisse issue du domaine de l’enregistrement professionnel. À l’époque, leur tout premier DAC destiné au marché domestique portait le nom de NADAC, un modèle dont la dénomination ne diffère de ce NADAC-D à l’essai que d’une seule lettre, preuve d’une filiation directe. Comme la société-mère est suisse, cela explique sans doute pourquoi ce NADAC-D dégage pour moi un sentiment très « suisse ». Qu’on ne s’y trompe pas : je ne veux pas dire qu’une marque canadienne ne serait pas à la hauteur, mais il faut rappeler que la hi-fi suisse occupe depuis toujours une place très particulière dans le monde de l’audio. Ces lignes tracées par des châssis en aluminium respirent une élégance inégalée. Sur le plan sonore, les appareils suisses incarnent au mieux ce que signifie la « retenue » : savoir donner quand il le faut, et se retirer au bon moment pour laisser un espace de silence, une sorte de beauté distante qui se traduit par une écoute à la fois froide et limpide. Si l’on regarde les marques suisses emblématiques, beaucoup partagent cette qualité douce et jamais intrusive : Goldmund, Soulution, Weiss… et bien sûr, ce Master Fidelity NADAC-D, si l’on choisit de le considérer comme un produit « suisse ».
La différence majeure avec l’ancien NADAC : le port réseau Ravenna n’est plus inclus par défaut. Le modèle reçu pour test est un DAC USB pur. Celui-ci adopte un connecteur Neutrik mediaCON USB-C, plus robuste que l’habituel type-B. Une liaison USB-A vers C est fournie d’origine.
Le NADAC-D adopte une voie intermédiaire : un convertisseur propriétaire basé sur un ASIC 1 bit spécialement développé, en collaboration avec un fabricant de semi-conducteurs, pour combiner la rigueur d’une conception discrete avec la reproductibilité d’un circuit intégré.
Les circuits sensibles sont blindés individuellement dans des boîtiers métalliques, minimisant les interférences. L’architecture de décodage prend en charge le PCM jusqu’à 32 bits/384 kHz et le DSD natif jusqu’à DSD512. Le PCM est systématiquement suréchantillonné (44,1–96 kHz en DSD128, 176,4–384 kHz en DSD256), tandis que le DSD est décodé en natif.
À l’écoute, le NADAC-D se révèle un véritable « conteur ». Avec la guitare de Lester Paredes dans Candilazo, il dévoile une chaleur naturelle, des harmoniques fines et aérées. Avec le piano de Haruka Nakamura (Still Life), il restitue une intimité poétique, une transparence qui rend perceptibles les silences, comme des respirations musicales. Avec l’album AAA de Sunset Rollercoaster et HYUKOH, il libère une énergie communicative, des dynamiques saisissantes, au point de susciter une émotion profonde, jusqu’aux larmes sur le titre Young Man.
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