Review

Audiophile-Magazine sur les enceintes Vivid Audio G2s2

<< Contenus
< Review
Audiophile-Magazine

16/12/2021

Ouvrir l'article original dans un nouvel onglet

On a juste envie d’aller embrasser Laurence Dickie, le regard brillant d’avoir pu entrer dans la musique aussi pleinement.

Grand Frisson 2021

Introduction

Quand Vivid Audio m’a proposé d’accueillir des enceintes G2S2 pour un banc d’essai, j’ai un peu hésité à accepter. Celui de mes deux anges gardiens qui porte une auréole a commencé à me susurrer : – 2 caisses de 100 kg, ta descente de garage, ton dos, ta pièce contre laquelle tu as longuement bataillé pour tes G3, la tentation, et qui va donner crédit à un banc d’essai écrit par un “Vivid-addict”? Mais l’autre avec ses cornes et ses pieds fourchus a entamé une ronde de Sabbat lancinante sous mon crâne : – Des G2! Des G2! Des G2S2! Quel shoot tu vas prendre ! Ayant une excellente ostéopathe, de l’aide prévue pour la descente de garage et le déballage des enceintes, pour la pièce, on verra bien, j’ai finalement accepté.

Réception et déballage

La réception et le déballage d’enceintes de la série Giya de Vivid Audio n’est pas chose aisée. Mais c’est le cas de toutes les enceintes full range. Les enceintes alternatives à ces G2S2 (48 kg) sont la plupart du temps beaucoup plus lourdes. En fait, malgré les 100 kg de chaque caisse, ces enceintes sont quasiment des poids plumes. Les caisses en bois dans lesquelles sont livrées les enceintes sont sans doute plus écologiques que les flight cases métalliques fournies par d’autres fabricants. Elles sont adéquates pour un ou deux transports. Au-delà, l’archaïsme de leur construction, comme les planches jointes par des agrafes ou les vis directement fixées dans le bois, tout ça n’est pas vraiment cohérent pour des enceintes allant de 85 k€ pour les G1 Spirit à 30 k€ pour les G4 S2. Chaque enceinte dispose de 6 emplacements de diamètre M8 pour les pointes ou les pieds en PVC qui sont fournis par le fabricant. Vu la rigidité de l’enceinte, pointes ou pieds sont sans doute moins cruciaux que pour d’autres enceintes. Néanmoins, les pieds fournis par Vivid Audio (les plus pratiques dans la majorité des cas) ont une tige filetée étonnamment courte qui rend peu aisé un serrage adéquat. Une extrémité de la tige filetée comporte un emplacement pour un serrage avec une clé 6 pans qui n’est pas fournie. J’ai alors rapidement utilisé mes Superspikes de Soundcare, non pas pour une meilleure tenue au sol (je n’ai pas fait de comparaisons sur ces G2S2), mais parce qu’ils sont infiniment plus pratiques à installer et serrer, avec une tige filetée de la longueur adéquate. Les déplacements des enceintes nécessaires à leur positionnement sont alors bien plus aisés.

Branchement et conception

Comme pour mes G3, le branchement des câbles HP n’est pas très pratique. L’utilisation de fourches est compliquée parce qu’il est impossible de les brancher par le haut (on n’a matériellement pas la place). En venant par le bas, il faut alors des câbles suffisamment fins et souples sans quoi une pression viendra s’exercer sur les fourches et les borniers des enceintes. Vivid Audio fait partie de la poignée de fabricants d’enceintes qui conçoivent et fabriquent leurs propres hauts-parleurs et cabinets, allant même jusqu’à développer de nouveaux matériaux composites. Cela nécessite des budgets de Recherche et Développement conséquents et des unités de fabrication pour des produits qui ne seront finalement fabriqués qu’en petites séries. C’est l’une des raisons des prix élevés des enceintes Vivid Audio, qui a assez récemment entamé une déclinaison plus abordable de ses technologies et savoir-faire avec la série Kaya, et notamment la bibliothèque S12, testée par notre éditeur dans le précédent numéro d’Audiophile Magazine.

Technologies clés

Dans ses documents de présentation, Vivid Audio rappelle que l’on sait depuis les années 30 que le parallélépipède (la boite à chaussures quoi !) est la pire forme pour une enceinte. J’avoue que lorsque j’ai vu pour la première fois une paire de Giya il y a une dizaine d’années, je me suis demandé qui étaient ces plaisantins qui fabriquaient des enceintes « Barbapapa ». Et puis on en écoute et on se gratte la tête. Sans vouloir chercher à être exhaustif, je rappellerai quelques-unes des technologies clés de Vivid Audio. Les ondes arrière des drivers en aluminium cerclés de fibre de carbone sont absorbées par un tube à profil exponentiel. Ce tube nécessite alors la présence d’un orifice central pour l’évacuation de l’onde arrière. Cela a conduit à la mise au point d’un “super aimant” développant un champ magnétique allant jusqu’à 2,5 Tesla pour le Tweeter D26. Pour les fréquences aiguës et médium, le découplage du cabinet et des drivers est assuré par des joints toriques en silicone. Pour les basses fréquences, deux boomers latéraux sont utilisés. Les aimants sont couplés, annulant ainsi tout effort sur l’enceinte. Le même principe d’annulation des forces est utilisé pour les deux évents qui n’ont aucun effet mécanique sur le cabinet. Concernant les précisions recueillies à propos des évolutions de la série 2 de la gamme Giya, j’adresse tout d’abord mes remerciements à Laurence Dickie pour avoir pris le temps de répondre en détails à toutes mes questions. On peut être l’inventeur de nombreuses technologies, le père d’une série d’enceintes parmi les meilleures au monde, et se présenter sincèrement comme un simple ingénieur, content comme un gamin que le logo de Vivid Audio qu’il a co-fondé avec Philipp Guttentag apparaisse enfin sur des enceintes !

Modifications et améliorations

En dehors du logo, parmi les choses les plus visibles, tweeter et haut médium sont à présent protégés des enfoncements malencontreux. En fait, je ne connais pas un seul propriétaire de Vivid Audio (moi compris) qui n’ait pas un jour enfoncé par inadvertance le médium à dôme D50, mettant ça sur le dos des enfants, petits-enfants ou de la femme de ménage… Les évents ont été modifiés : – une plus grande longueur et surface ont permis de diminuer la vitesse de l’air, – un nouveau profil réduit la turbulence en repoussant la distorsion de l’évent à des niveaux sonores plus élevés. Dans la série 2, le baffle est à présent structuré de la même manière que le reste de l’enceinte et intègre les mêmes matériaux. Le cabinet des Giya est fait d’un sandwich de matériaux composites renforcés par de la fibre de verre entourant un cœur en balsa. Avec la série 2, le rapport rigidité/masse a été augmenté en remplaçant la fibre de verre « standard » interne par un composite « maison » dont la découpe est effectuée par une machine outil à contrôle numérique. Cela conduit à une meilleure adhérence, un encollage plus facile et besoin de beaucoup moins de colle, tout ceci amenant un poids inférieur à celui de la série 1 et une meilleure rigidité de l’ensemble. Par ailleurs, le filtre est calculé plus précisément amenant une (encore) meilleure réponse globale. Enfin, il est proposé en option de disposer du filtre en externe pour du filtrage actif (à l’instar du flagship G1 Spirit).

Conditions d’écoute

La pièce dans laquelle ont été installées les G2S2 a une surface d’environ 23 m² avec une hauteur sous plafond de 2.30 m, ce qui est naturellement assez loin d’un optimal, pièce qui présente une résonance à 35 Hz. La distance du point d’écoute aux tweeters est de 2.70 m, l’écartement des enceintes, tweeter à tweeter, est de 2.20 m. Le pincement amène un « croisement » à environ 20 cm en avant du point d’écoute. Divers panneaux absorbeurs et diffuseurs sont installés, ainsi que 8 bass traps accordés à 35 Hz. Le RT60 (mesuré avec REW) est stable autour de 0.25 s au-dessus de 100 Hz et monte jusque’à 0.5 s en dessous. Malgré les bass traps, il reste une « bosse » et un trainage autour de 35 Hz.

Impressions d’écoute

Dans ce qui suit, je vais me livrer au périlleux exercice de comparer l’excellence, avec les G3, à l’exceptionnel, avec les G2S2. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces enceintes ne sont pas trop grosses pour ma pièce, ce que je craignais en premier lieu. Pas de saturation, pas de problème particulier de basses, pas de soucis d’interactions avec les murs relativement proches (certes, il y a des panneaux acoustiques autour des enceintes). Histoire de voir, j’ai fait des écoutes indécentes jusqu’à 95 dB moyens mesurés au point d’écoute. Au contraire, le plus grand volume de charge allié à une plus grande liberté des drivers avec un filtre moins résistif que celui de mes G3, arrive à remplir ma pièce comme jamais elle ne l’a été auparavant, avec une sensation de présence et d’impact fort réjouissante. Les G3 sont sans doute d’excellentes enceintes, mais j’ai vraiment eu le sentiment d’entrer dans une autre dimension avec les G2 S2. On a l’impression d’un son palpable dans lequel on aurait presque envie de mordre. Par rapport à mes G3, la meilleure définition du bas médium et les boomers un peu plus grands apportent un sous-bassement plus solide. Les basses, sans jamais aucune extravagance, sont bien plus modulées et raffinées, comme on le verra plus loin avec la guitare basse d’Aston Barrett. L’image est plus profonde qu’avec mes G3, allant au-delà du mur arrière. Il ne faudrait surtout pas croire que ces G2 S2 ne savent faire que du lourd ou du violent. Comme toutes les Giya, elles continuent à être capables de restituer tout le raffinement et les subtilités d’une soprano ou d’une guitare classique. J’utilise souvent « Concrète Jungle » de l’album « Catch a fire » de Bob Marley pour évaluer la capacité d’un système à produire des basses plus ou moins modulées, basses qui peuvent devenir envahissantes. La guitare basse d’Aston Barrett y est somptueuse, pleine et quasiment chantante. Avec les G2S2, on a simplement l’impression qu’il existe une troisième enceinte dédiée à cette guitare basse qui charpente toute la chanson. La modulation de cette basse y est stupéfiante et bien meilleure avec les G2 S2 que ce que j’obtiens avec mes G3.

Analyse des enregistrements

“Red” de Nola fait partie des pépites d’enregistrement live, avec un seul micro, la majorité des réglages étant effectués à la prise de son avec très peu de mastering en post-production. Les cuivres, ici trompette et saxophone ténor, peuvent souvent faire des ravages en termes de dynamique et de timbres, autant à la prise de son qu’à la reproduction. Il n’y a pas besoin de la photo du concert pour savoir comment sont disposés les musiciens, mais c’est aussi le cas avec mes G3. La dynamique des cuivres est par contre meilleure avec les G2 S2, plus nuancée, plus vive sur les attaques, avec une texture sonore plus pleine, notamment quand les deux instruments jouent en même temps. Quant à la finesse des cymbales et leur légère résonance, les G2 S2 sont vraiment spectaculaires. Dans un tout autre style, passons à la merveilleuse interprétation du Divertimento K563 de Mozart par le Trio Taus. L’enregistrement a eu lieu dans l’église Sofienberg en Norvège, avec une importante réverbération naturelle mais totalement maîtrisée. Avec seulement 3 instruments, ce Divertimento est très complexe à interpréter, autant en termes de texture sonore que d’équilibre entre les soutiens harmoniques mutuels des instruments. Cet enregistrement est l’un des plus aboutis à ma connaissance parce que tout y est musicalement réglé au micron tout en conservant naturel et spontanéité. Je doute préférer le 10ème rang, avec un peu plus de son réfléchi et une perception plus globale, alors qu’on est beaucoup plus immergé dans la musique et son interprétation au 3ème rang. Cet album me semble caractéristique des G2 S2 : on ne peut pas écouter un bon album d’une oreille distraite. Ce qui est produit par les G2 S2 vous entraîne au cœur de la musique sans vraiment vous demander votre avis. Mais qui va au concert sans intention d’écouter ?

Excellence du réalisme

Avec l’album “Gettin’ To It” de Christian McBride, Splanky met en jeu un trio de contrebasses légendaires: Ray Brown à gauche, Christian McBride au centre et Milt Hinton à droite. Quand on a déjà un bon système, il est difficile d’imaginer ce qu’on pourrait obtenir de mieux. Comme le dit le philosophe, on ne peut pas manquer de ce qu’on ne connaît pas… Mais avec les G2S2, le réalisme est confondant. Sans aucun effet « pince à épiler » ou « micro-chirurgie », les pincements, les glissés de doigts, la vibration dans l’air des cordes et la résonance des caisses, tout est là, de façon très naturelle, comme au concert, procurant de ce fait un réalisme bluffant. Certes mes Vivid Audio G3 m’en donnent déjà beaucoup, mais le niveau de véracité qu’atteignent cette fois les G2 S2 me laisse pantois. Sur les G3, l’écoute est remarquable de tous les points de vue : texture sonore, équilibre entre instruments, ambiance… Mais les G2 S2 vont un cran plus loin dans le réalisme des soutiens harmoniques des instruments les uns par rapport aux autres, notamment par une subtile différenciation des timbres du violon, de l’alto et du violoncelle. On obtient quelque chose de plus convaincant, qui souligne sans doute mieux les intentions des 3 instrumentistes. Disons que l’on est assis au 10ème rang avec les G3 et que l’on passe au 3ème rang avec les G2 S2. Certains pourront sans doute préférer le 10ème rang, avec un peu plus de son réfléchi et une perception plus globale, alors qu’on est beaucoup plus immergé dans la musique et son interprétation au 3ème rang.

Interprétation des voix

Dans cette production des Noces de Figaro, Teodor Currentzis a pris le parti de voix « blanches », quasiment sans vibrato, le vibrato des voix n’étant devenu quasi systématique que bien après Mozart. Les voix blanches présentent des harmoniques de niveau faible, finalement assez proches de fréquences pures. L’Aria de La Comtesse « Dove Sono I Bei Momenti » me fait systématiquement pleurer tant il transperce le cœur, non seulement par la musique, mais aussi par les mots. Mais je connais bon nombre de tweeters qui sur les voix blanches transpercent plus les tympans que les cœurs ! Jamais avec les enceintes Vivid Audio pourtant. Toutes leurs enceintes offrent des aigus à la fois modulés et raffinés. Aussi blanche que soit la voix, les aigus restent lumineux et ravissent nos tympans sans les irriter. Sur cet Aria, G3 et G2 S2 font jeu égal, les G2 S2 amenant un peu plus de définition dans le bas medium de l’orchestre, sans que cela devienne une frustration sur les G3.

Interprétations au piano

Pour cette intégrale des Mazurkas de Chopin, Yves Henry a choisi un piano Pleyel à cordes parallèles du 19ème siècle. Contrairement aux pianos modernes, il n’y a pas de “brouhaha” dans le bas médium, effet provoqué par le croisement des cordes de basses et de bas médium. C’est en fait un terrain de jeu parfait pour les G2 S2 qui produisent des timbres subtils d’une richesse inouïe. Les basses légèrement cuivrées sont rendues de manière surréaliste. Le doux bruit des étouffoirs sur les cordes achève la divine impression d’être au concert devant ce magnifique piano Pleyel. C’est finalement avec ce genre d’album que le départ des G2 S2 va sans doute être un peu douloureux. Non pas naturellement que les G3 déméritent, mais le réalisme des G2 S2 y est bouleversant.

Conclusion

Il est naturellement difficile et sans doute impossible de savoir ce qui conduit à une telle différence entre les G3 et les G2 S2. Le plus grand volume des G2 ou les évolutions de la série 2 ? Sans doute les deux, mais dans quelles proportions ? Au regard du tarif de ces G2 S2, on peut être un peu ronchon ou agacé par certains « détails » comme les caisses, un bornier si peu pratique ou des pieds de piètre conception. Mais dès que l’on commence à écouter, on est instantanément plongé corps et âme au cœur de la musique d’une manière stupéfiante et bouleversante. On oublie très vite non seulement les petits défauts mais aussi ces technologies uniques au monde qui n’existent que pour notre jouissance. Les G2 S2 me font un peu penser à Shéhérazade, cette narratrice inépuisable, capable de raconter des contes, et d’autres contes au sein des contes, sans jamais perdre l’auditeur qu’elle tient en haleine nuit après nuit. Une fois les écoutes terminées, fort tard dans la nuit, on a juste envie d’aller embrasser Laurence Dickie et de partager un verre avec lui, le regard brillant d’avoir pu entrer dans la musique aussi pleinement. C’est donc sans aucun état d’âme et avec un immense plaisir que je décerne aux enceintes Vivid Audio G2S2 le Grand Frisson d’Audiophile Magazine.

Autres articles du même auteur

Produit.s concerné.s

sur 5
avis
sur 5
avis

1877.audio

Avis Client

David
R.
du
23/05/2022
5 étoiles pleines, de couleur orange pour la notation de 1877.audio
Expérience globale : 5/5
J'ai acheté une enceinte NAIM MUSO 2 d'occasion sur le site 1877.audio et je suis ravi de ma transaction. Les informations délivrées par Jean François sont claires nettes et limpides. Vous pouvez y acheter en toute sérénité !

Revendeur officiel

  • Aequo Audio
  • Artnovion
  • B.Audio
  • Bassocontinuo
  • CAD
  • CEC
  • Cos Engineering
  • Diptyque Audio
  • Gigawatt
  • Grimm Audio
  • Halcro
  • Innuos
  • Isoacoustics
  • Jorma
  • Kubala Sosna
  • Marten
  • Master Fidelity
  • Mola-Mola
  • Neodio
  • Playback Designs
  • Qobuz
  • Roon Labs
  • Silent Angel
  • Trilogy Audio
  • Verity Audio
  • Vermeer Audio
  • Vivid Audio
  • Weiss
  • WestminsterLab
  • Williwaw

Copyright 2021|2025 - Tous droits réservés

Appel Contact Whatsapp