
La dp140 MKII conserve le même nom que celle qu’elle remplace, qui
correspond à la hauteur du panneau de 140cm, mais cette version MKII
est plus qu’une simple évolution. C’est même une révolution,
initiée par la sublime Diptyque Référence (HF 260), qui a redéfini
les nouvelles bases des futurs modèles. De quoi convertir de nombreux
mélomanes à ces panneaux magiques.
Ce nouveau modèle prouve la volonté de DiptyqueAudio de toujours
s’améliorer, afin de faire évoluer ses enceintes vers encore plus
de qualité et de facilité d’utilisation, y compris pour le
changement éventuel des cellules isodynamiques. Il est maintenant
rendu possible par une face arrière entièrement démontable. La
finition est irréprochable grâce à des sous-traitants locaux très
qualifiés, capables de respecter rigoureusement le cahier des charges
de la marque.
L’esthétique a fait aussi un bond en avant, dû à la compétence
du designer Anthony Henry, formé chez Diptyque Audio, qui a conçu un
dessin moderne et contemporain, parfaitement dans l’air du temps.
Leur taille raisonnable la fait facilement accepter dans les
intérieurs, à une distance minimale du mur arrière de 60cm, car ce
sont des doublets : l’esprit panneau dans toute sa splendeur.
Le modèle Référence a servi d’inspiration pour la structure
mécanique des faces avant et arrière, sans toutefois utiliser le
procédé breveté Crossed Push Pull réservé au haut de gamme, où
le bobinage en aluminium collé au recto et au verso se croise
verticalement puis horizontalement. Il convient mieux à une
trois-voies et n’est pas nécessaire pour une deux-voies à la
surface de membrane plus réduite.
La façade en acier est découpée au laser, perforée et pliée par
un sous-traitant travaillant pour Airbus, situé à Montauban. Le
thermolaquage est aussi réalisé localement à Toulouse. Les
nouvelles façades sont plus rigides, et la surface des aimants a
été augmentée, concentrant mieux le champ magnétique sur la
bobine.
Pour rappel, Diptyque a inventé en 2017 le procédé isodynamique
Push Pull Bipolar Magnet, où les aimants sont placés de part et
d’autre d’une membrane en mylar de 12 microns à la tension
calibrée pneumatiquement, parcourue d’une grecque conductrice
découpée dans un fin film en aluminium.
La dp140 MKII intègre deux surfaces de membrane identiques pour le
grave/médium, montées sur une plaque de MDF interchangeable, dont
l’une possède une calibration de tension légèrement différente,
décalée de 5Hz, afin de mieux linéariser le grave. Au-dessus, le
tweeter à ruban isodynamique en mylar de 55cm reprend dès 1600Hz,
sans rupture de timbre. Sa bobine est constituée de 6 fins rubans
plats en aluminium. La membrane est aussi facilement remplaçable, un
tutoriel vidéo ayant même été réalisé par Diptyque.
La continuité des transducteurs permet un filtrage simple de pente
12dB, doté de composants de premier choix: selfs sur air Mundorf
BL140 et BL100 de faible valeur, condensateur Mundorf MCap et chimique
de la même marque sur le retour, grosse résistance bobinée.
Les dp140 MKII surprennent visuellement par leur discrétion et leur
élégance, de taille plutôt réduite et plate (47mm). Le panneau est
maintenu sur un pied massif en acier de 10mm d’épaisseur fabriqué
par Diptyque, l’autre extrémité accueillant un cône pour évacuer
les vibrations. On apprécie la finition haut de gamme, à l’aspect
texturé plaisant, mettant en avant le dessin très réussi de
l’ensemble.
Leur disposition doit être éloignée des murs arrière d’au moins
80cm, légèrement inclinées vers le point d’écoute, tweeters
placés à l’intérieur. Elles exigent de l’excellence en
amplification, mais par énormément de puissance. Diptyque recommande
des amplificateurs allant de 60W à 180W environ, avec un minimum de
courant. L’intégré Kora TB400 de technologie hybride Square Tube,
délivrant 2 x 200W, s’est acquitté de sa tâche avec grand brio.
Les dp140 MKII sont vraiment différentes de toutes les autres
enceintes par leur cohérence spectrale incomparable grâce à la
technologie identique des transducteurs, ce qui est rarement le cas.
Les timbres fusionnent superbement sur tous les registres, du grave à
l’aigu.
La grande surface émissive permet une descente surprenante, même
dans l’extrême grave, qui est présent quand il le faut, alors que
le grave possède une matière et une texture proche de ce que l’on
ressent au concert, aérien et sans lourdeur.
Les sons ne sont jamais projetés devant nous, comme avec la majorité
des enceintes à haut-parleurs électrodynamiques, mais s’étalent
bien dans l’espace, aussi en hauteur car la zone d’émission est
beaucoup plus large.
Mais l’immense qualité des dp140 MKII est leur faculté à
transcrire les instruments acoustiques et les voix avec un naturel
inouï, qui n’a rien à voir avec certaines colorations de cônes
selon leur matière, ou la surdéfinition excessive de certains
tweeters.
Ici, sur tout le spectre, la véracité des instruments est
éblouissante, particulièrement les cordes, les bois et les cuivres,
rarement restitués avec un tel degré de réalisme spectral.
Corollaire de la légèreté des membranes, on est séduit par la
transparence et la rapidité des panneaux sur les petites nuances, où
les sons s’établissent sans lourdeur, de façon aérienne et
délicate, parfois presque impalpable, mais aussi avec de la matière
dans le bas-médium, qui apporte une touche de chaleur dans ce
registre.
Les voix sont d’un réalisme magnifique, comme celles d’Agnès
Jaoui sur «Canta», Gianmaria Testa sur «Vitamia», ou
Fischer-Dieskau dans les lieder de Schubert.
Les Diptyque sont capables d’une différenciation et d’une absence
d’intermodulation incomparable, démêlant les écheveaux complexes
des structures harmoniques et rythmiques avec maestria, en toute
facilité, alors que souvent, la confusion ne tarde pas à arriver.
La microdynamique fait vivre les variations d’intensité, sans avoir
à pousser le volume. Par contre, il ne faut pas s’attendre à un
coup de poing au plexus dans le grave comme avec un 38cm, elles ne
sont pas faites pour cela, mais elles offrent en revanche une
homogénéité générale jamais prise en défaut.
Sur une enceinte traditionnelle, la directivité souvent excessive
agit comme le zoom macro d’un objectif photo, obligeant à un point
d’écoute situé dans une zone très étroite pour une focalisation
optimale. Ce n’est pas le cas sur les Diptyque, qui permettent
d’écouter sans frustration même dans une position décalée.
De plus, le doublet acoustique restitue les sons émis par
l’arrière, pour une immersion et une ampleur exceptionnelle dans la
scène sonore, plus palpable et présente, comme les effets de salle
ressentis en direct.
Chacun sait qu’au concert, les instruments d’un orchestre ne sont
pas hyperfocalisés dans l’espace, mais bien intégrés à un
ensemble cohérent, où chacun a sa place et pourtant se distingue
aisément. C’est le cas sur les dp140 MKII où les pupitres
s’étalent dans toutes les dimensions, bien à leur place, dans une
fusion réaliste, et non hyperréaliste comme parfois.
Diptyque Audio est une belle réussite. La marque fabrique de 100 à
120 paires par an, est distribuée dans 35 pays et réalise 95% de son
chiffre à l’export, dont une bonne partie aux États-Unis.
Proposées à 14000euros la paire, les dp140 MKII sont à citer en
exemple pour leur design, leur fabrication irréprochable et leur
maintenance aisée. Mais surtout, elles tiennent leurs promesses
musicales, car cette version MKII est encore meilleure que la
génération précédente.
L’écoute d’une Diptyque est une expérience particulière et
délicieuse, car bien peu d’enceintes sont capables de vous immerger
de la sorte dans la musique. La restitution est détendue et non
crispée, adaptée aux longs moments de plaisirs musicaux. Mais sa
justesse la place toujours dans le vrai, sans effet de manche, où la
fusion des registres grâce à sa technologie brevetée est
supérieure à une grande majorité de concurrentes. La maturité de
cette version MKII impressionne, sur tous les plans, mais avant tout
par une maestria musicale exclusive à Diptyque Audio.
Copyright 2021|2025 - Tous droits réservés