

Cette marque, tout droit venue de Hong Kong, est particulièrement discrète, bien qu’elle existe déjà depuis une bonne dizaine d’années. C’est Angus Leong qui en est le fondateur, et le concepteur de la totalité des produits. Angus est un pur audiophile. Je l’ai connu lorsqu’il a commencé à collaborer avec LUMIN pour la mise au point de câbles de liaison, d’alimentations, puis ensuite d’amplificateurs. C’est, avec Li On, l’autre paire d’oreilles affûtées chez LUMIN.
Mais cette collaboration n’exclut pas le développement d’une activité en propre avec Westminster Lab. Et si chez LUMIN, on privilégie la rationalisation des coûts et une certaine logique industrielle, Westminster Lab joue la carte de la micro-entreprise artisanale, sélectionnant ses composants très minutieusement, sans vraiment s’embarrasser d’une logique de maîtrise des coûts, mais visant essentiellement l’excellence de conception et de fabrication.
Après tout, à partir d’un certain niveau de raffinement, le prix n’est plus vraiment le critère principal…
Le nom de WestminsterLab fait référence à la période où Angus Leong eut l’idée avec deux amis, lors de leurs études à Londres, de créer une entreprise de hi-fi haut de gamme. Le nom choisi se réfère ainsi à Westminster, qui en plus de sa cathédrale, abrite un des meilleurs centres high-tech du Royaume-Uni.
La première création de la société en termes d’électroniques fut un amplificateur de puissance, baptisé « Unum ». Cet amplificateur était en rupture avec tous les codes de la hi-fi haut de gamme. Il échappait clairement à la logique du toujours plus gros pour toujours plus cher.
Il proposait des options inédites en matière de finition, à l’instar de finitions premium en or rose ou en platine. Il proposait également des raffinements technologiques novateurs, comme le remplacement du dissipateur thermique en cuivre plaqué or par un dissipateur thermique en cuivre noir brillant avec revêtement DLC (Diamond Like Carbon). Ce matériau était déposé sur le cuivre grâce à une technologie appelée « Physical Vapour Deposition » (PVA) qui, selon WestminsterLab, offrait une surface durable « améliorant les performances thermiques et audio ».
Bref, l’Unum a fait figure de véritable OVNI à sa sortie, remportant un réel succès d’estime. Mais le marché n’était sans doute pas encore assez mature pour créer une véritable dynamique autour de ce genre d’appareil…
Aujourd’hui, l’amplificateur Rei vient rationaliser le schéma de l’Unum, en en faisant une version plus accessible, tout en préservant l’essence et les performances sans compromis qui caractérisaient l’Unum. C’est donc un produit plus abouti, et peut-être plus en phase avec les attentes du marché de la haute fidélité.
Angus Leong déclare à ce titre : « Notre objectif était de faire découvrir la technologie de pointe et l’expérience sonore d’UNUM à un public plus large. Avec un dévouement sans faille, nous avons abordé ce projet en concevant et en développant minutieusement chaque aspect de l’amplificateur Rei. Nous avons tout mis en œuvre pour atteindre l’excellence, garantissant que le Rei offre les mêmes performances exceptionnelles, la même musicalité et la même expérience immersive que son prédécesseur. »
L’amplificateur Rei fonctionne en classe A et se distingue par l’intégration des systèmes iBias et CCS propriétaires de WestminsterLab, qui font appel à des schémas électroniques innovants. Le Rei développe une puissance de sortie de 100 W sous 8 Ohms, et la double sous 4 Ohms, puis encore sous 2 Ohms. Il est réputé stable sous une charge de 1 Ohm.
Grâce à ces technologies, le Rei atteint un temps de chauffe nettement plus rapide que les amplificateurs de classe A conventionnels (30 minutes suffisent en effet pour atteindre son niveau de chauffe optimal). La technologie iBias ajuste dynamiquement la polarisation en tenant compte du courant et de la charge de l’amplificateur. Ceci permet au Rei d’offrir les avantages convoités de l’amplification en classe A, mais sans ses inconvénients habituels.
Sa capacité à maintenir des performances optimales, tout en limitant les problèmes liés à la production de chaleur et à la consommation d’énergie, fait du Rei un amplificateur tout à fait versatile.
L’appairage des transistors est une démarche assez classique dans la conception et la fabrication d’amplificateurs haut de gamme, mais WestminsterLab adopte une approche encore plus sélective. Au-delà de la norme, les transistors sont non seulement méticuleusement appairés avec une tolérance de 1 %, mais le processus d’appairage s’étend sur plusieurs points de fonctionnement de la courbe.
Pour garantir une fiabilité et des performances optimales, ces transistors appairés sont soumis à des tests de contrainte rigoureux pendant plusieurs heures sous des charges élevées. Cette méthodologie de test et d’appairage méticuleuse est l’une des principales raisons pour lesquelles l’amplificateur Rei est capable de délivrer une puissance impressionnante de 400 watts en classe A dans un boîtier aussi compact.
La structure du châssis de l’amplificateur Rei diffère de celle de l’Unum. Au lieu d’une seule monocoque comme c’était le cas pour l’Unum, le châssis principal de l’amplificateur Rei se compose de deux parties en aluminium de qualité aérospatiale usinées par des machines à commandes numériques. Il permet ainsi d’isoler l’alimentation du reste du circuit de l’amplificateur.
Le panneau latéral gauche est entièrement dédié au dissipateur thermique, tandis que les panneaux supérieur et inférieur sont en fibre de carbone. Cette construction minimise la transmission des vibrations de l’alimentation aux différents composants du Rei. Les façades externes du coffret sont spécialement conçues pour avoir des modes de résonance aussi éloignés que possible de la bande audio, afin d’éviter toute perturbation venant des enceintes elles-mêmes.
À l’arrière, on trouve uniquement deux prises XLR : la première sert à connecter l’unité Rei au préamplificateur, et la seconde permet de connecter deux de ces blocs mono pour créer un seul amplificateur ponté. Dans ce mode, le Rei peut délivrer une puissance impressionnante de 400 W sous 8 ohms et de 800 W sous 4 ohms.
Le circuit en lui-même est ultra-minimaliste, avec seulement 12 composants entre la prise d’entrée et les bornes du haut-parleur. WestminsterLab affirme que le Rei offre le trajet de signal le plus court jamais implémenté dans un amplificateur de cette puissance.
Les étages tampon et de gain d’entrée sont dotés de paires de transistors appairés, et les transistors de sortie sont appairés non seulement entre eux, mais aussi avec les transistors de l’autre bloc monophonique. Les pieds, en forme de coupelles, sont usinés en laiton massif recouvert d’une fine couche protectrice ralentissant l’oxydation. Leur forme est conçue pour atténuer les vibrations transmises du support à l’appareil.
La conception et le schéma de mise à la terre du Quest ont un impact significatif sur ses performances, notamment lorsqu’il s’agit de signaux délicats. Beaucoup d’efforts ont été consacrés à la conception de la mise à la terre du Quest, ce qui a abouti au développement d’un nouveau schéma appelé « Mise à la terre hybride ». Ce schéma permet aux utilisateurs de basculer entre deux modes de mise à la terre à la volée.
Le préamplificateur Quest présente une conception double mono entièrement symétrique. Grâce à cette architecture, il minimise les interférences et la diaphonie, offrant un signal audio le plus pur possible. L’atténuation du signal est assurée par un réseau de résistances étagées de type shunt, solution optimale selon WestminsterLab après de nombreux tests d’écoute et analyses.
Chaque canal bénéficie de ses propres régulateurs de puissance et de sa propre alimentation. Le Quest est équipé d’un écran LED très lisible et d’une télécommande infrarouge fournie en double exemplaire. L’appareil intègre aussi une logique de commande minimale pour réduire au maximum toute interférence avec le signal audio.
Le Quest dispose de deux emplacements pour modules d’extension, permettant d’intégrer de futures fonctions d’entrée supplémentaires. Les modules actuellement disponibles incluent des entrées asymétriques RCA via un convertisseur dédié préservant l’intégrité du signal, ainsi que deux modules phono distincts : un modèle standard avec égalisation RIAA et un module DS Audio certifié.
Même si cela semble banal, il est bon de mettre en évidence la parfaite complémentarité des deux maillons Westminster Lab : Rei et Quest. Comme on se plaît à dire outre-Atlantique, le résultat est supérieur à la somme des deux.
L’impression générale que renvoie le couple amplis / préampli est celle d’une transparence inédite et d’une grande douceur. C’est une sonorité fluide et holographique, digne des meilleurs montages à tubes, mais avec un rendu plus organique, dense, et une énergie décuplée.
La scène sonore s’étend avec cohérence, la neutralité est exemplaire, et l’ensemble déjoue les pièges classiques des amplifications en pure classe A, souvent trop flatteuses. L’écoute est vivante, dynamique, mais jamais stérile. Les timbres sont d’une grande justesse, les voix naturelles, les instruments d’une authenticité confondante.
Face à l’Esoteric S-05, les blocs Rei se montrent plus doux, moins brillants, mais bien plus expressifs sur les voix et la texture instrumentale. Le Quest, lui, apporte un supplément d’âme évident : silence de fonctionnement absolu, fluidité, présence et naturel. Il redonne toute sa noblesse au préamplificateur analogique, surpassant aisément les étages de volume numérique intégrés.
L’ensemble Rei / Quest se destine inévitablement à un cercle restreint d’audiophiles ayant les moyens de s’offrir ce type de matériel. Ces appareils discrets, sobres, mais redoutablement raffinés incarnent une quête de perfection sonore rare. Malgré leur exclusivité et leurs exigences, ils offrent une expérience d’écoute d’une pureté et d’une musicalité exceptionnelles.
Ce qui ne fait aucun doute, c’est le niveau de plaisir auditif qu’ils procurent, celui d’une musique débarrassée de toute scorie, magnifiée dans son essence la plus authentique. Le « Grand Frisson » a bel et bien été ressenti tout au long des écoutes. Nous recommandons donc cet ensemble sans la moindre réserve.
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