Lors du Dutch Audio Event 2024, je me suis arrêté chez Grimm Audio pour recueillir informations et impressions musicales dans le cadre de ma visite du salon. En quête de nouveautés, mon regard s’est arrêté sur une vitrine contenant un boîtier noir rectangulaire que je n’avais encore jamais vu dans leur gamme. Il s’agissait du tout nouveau Grimm PW1 Phonostage.
Mon cœur d’amateur de vinyle a immédiatement bondi. Après une démonstration convaincante, j’ai sollicité Guido Tent, directeur technique et cofondateur de Grimm Audio, afin d’obtenir un exemplaire de test. La production était déjà lancée, m’a-t-on dit, mais il me faudrait encore un peu de patience. Cela tombait bien : j’étais justement en train d’acheter une nouvelle platine. Début février, j’ai reçu la bonne nouvelle : un PW1 m’attendait. Après quelques échanges avec le distributeur Terrason Audio et Eelco Grimm, j’ai pu le récupérer au siège de Grimm à Veldhoven. Ce prêt allait marquer les esprits.
Ceux qui suivent mes pérégrinations audiophiles savent à quel point l’écoute de disques vinyles me tient à cœur. Bien que je sois aussi un fervent adepte du streaming, je privilégie encore les soirées d’écoute détendue avec des vinyles. Peut-être est-ce lié à l’âge, mais le rituel lent (et l’absence de zapping) m’apporte une forme de sérénité et de plaisir qu’aucune interface tactile ne peut égaler. Le confort du streaming a, pour moi, une valeur toute relative. Mais je digresse… Voyons plutôt ce que j’ai reçu.
Côté esthétique, le PW1 a été dessiné par Michiel Uylings, déjà responsable du design des lecteurs réseau MU1 et MU2. L’objectif était clair : le PW1 devait s’intégrer visuellement dans cette famille. Le boîtier allongé présente des lignes épurées, subtilement interrompues par une fente oblique issue d’un décalage de profondeur entre les côtés gauche et droit de la façade. Un minuscule témoin LED blanc trône discrètement à l’avant, un clin d’œil aussi subtil que réjouissant.
À l’arrière, on retrouve des connexions légèrement en retrait : des entrées distinctes pour cellules MM et MC, une borne de masse, ainsi que deux sorties (asymétrique et symétrique). Il n’y a pas d’entrée symétrique, j’y reviendrai. L’arrière accueille également l’interrupteur secteur, placé au-dessus de l’entrée secteur IEC bipolaire – un autre détail intéressant que j’aborderai plus loin.
Grimm Audio propose, avec ses MU1/MU2 et ses enceintes LS1, un système audio complet conforme à sa philosophie. Presque complet… Il manquait une section phono. C’est Eelco Grimm qui, il y a huit ans, a lancé l’idée de créer un phonostage externe – car l’électronique des MU ne se prête pas à l’intégration d’une section phono de haut niveau. Il a alors fait appel à Peter van Willenswaard, cofondateur de la marque et l’un des meilleurs concepteurs de phonostages des Pays-Bas. D’où le nom PW : Peter van Willenswaard… ou Phono Wizard.
Peter a dû relever un défi : ses créations sont historiquement basées sur des circuits à tubes, or Grimm n’utilise pas de tubes, jugés trop variables et peu adaptés à la production série. De plus, les cellules MC à très faible niveau de sortie ne sont pas toujours bien associées aux tubes, à cause du bruit. Même les meilleurs circuits à tubes restent plus bruyants que leurs équivalents à transistors. Pour garantir une compatibilité universelle avec les cellules MM et MC – y compris les modèles extrêmes comme l’Audio Note IO II à 0,04 mV –, il fallait opter pour des transistors, et de préférence des FET, au comportement sonore souvent proche des tubes.
C’est là que commence la magie. Peter souhaitait utiliser un JFET Toshiba ultra silencieux, qu’il connaissait bien, mais qui n’est plus fabriqué. Il avait alors deux options : en chercher un équivalent ou acheter tout le stock restant. Grimm a acheté la totalité. Le schéma retenu est d’une simplicité volontaire : un FET ultra silencieux par canal pour l’entrée MC, un autre type de FET pour l’entrée MM, puis correction RIAA, et enfin un dernier FET pour clore l’étage MM. Aucune contre-réaction. Cela exige une qualité de composants exceptionnelle (résistances, condensateurs, alimentation), tous sélectionnés à l’oreille par Peter.
Une bonne alimentation est cruciale. Le Grimm PW1 utilise des régulateurs shunt développés en interne pour alimenter séparément chaque section. Contrairement aux régulateurs classiques, ils garantissent une stabilité parfaite sans parasiter les autres circuits. Leur rapport signal/bruit peut être supérieur de 60 dB à celui des régulateurs standards, un avantage précieux pour un phonostage.
Guido et Peter ont chacun conçu de superbes alimentations shunt par le passé, et les deux ont été intégrées selon les besoins dans le PW1. Même l’unique OpAmp présent à la sortie (pour garantir une impédance faible et un transfert optimal vers l’amplificateur) est alimenté par un régulateur shunt. C’est un luxe, mais Peter ne laisse rien au hasard.
Quant à l’alimentation principale, elle est intégrée – pas de boîtier externe, pas de câbles supplémentaires. Pour éviter les boucles de masse, la prise IEC est bipolaire et sans terre. Grimm a même collaboré avec Amplimo pour développer un transformateur toroïdal doublement blindé, dont l’émission est si faible qu’il pourrait être placé à 5 cm de l’entrée MC sans interférences. Il est néanmoins placé à l’opposé de cette section dans le boîtier.
Résultat : le PW1 est le phonostage la plus silencieuse que j’aie jamais entendue. Que j’utilise une cellule MM ou MC, tout émergeait d’un fond noir absolu. Juste la musique, et rien que la musique.
C’est aussi pourquoi il n’y a pas d’entrée symétrique : avec un tel silence de fonctionnement, le gain de 6 dB d’un circuit symétrique devient inutile. L’intégrer aurait aussi complexifié inutilement le circuit. De plus, la plupart des platines, même haut de gamme, n’ont pas de sorties symétriques.
Pour s’adapter à chaque cellule, le PW1 dispose de micro-interrupteurs accessibles sous l’appareil, derrière un panneau métallique à dévisser. Ceux-ci permettent de sélectionner MM ou MC, d’ajouter un boost de 10 dB, de régler le gain MC à +20 ou +30 dB (à ajouter au gain MM de 37 dB), de définir la charge capacitive MM (47, 100 ou 220 pF), ou la résistance de charge MC (33, 100, 330 ou 1000 ohm, combinables).
Par exemple, activer les résistances de 330 et 100 ohms donne une charge de 75 ohms – idéale pour la Denon DL-103 ou l’AT33PTG/II. Il est également possible d’ajouter une charge capacitive supplémentaire (330 ou 680 pF, ou les deux) pour les MC. Je préfère éviter les charges capacitives élevées avec les MC, mais tout est permis. Expérimentez.
Une semaine avant de devoir rendre le PW1, le Dynavector XX-2a est arrivé. Un MC haut de gamme qui allait parfaitement avec la PW1. Mais d’abord, j’ai écouté avec l’Audio-Technica AT33PTG/II sur l’album “Ophio” de Die Wilde Jagd. La scène sonore était immense, plus large, plus profonde et plus haute encore qu’avec ma PrimaLuna à tubes. La musique d’Al Di Meola sur “Cielo e Terra” fut explosive, rapide, dynamique, mais sans agressivité. La PW1 dominait totalement le signal.
Avec la Denon DL-103 et l’album “Titles” de Mick Karn, ou “Eli” d’Akkerman et Kaz Lux, la musicalité était communicative. L’équilibre tonal était juste, et la présence des voix et instruments parfaite. Même ma vieille pressage vinyle d’Eli sonnait magnifiquement.
Avec l’Ortofon 2M Red, souvent jugée fade, le résultat fut bluffant après réglage à 660 pF de charge. L’album “Shimmer Into Nature” d’Ed Wynne offrait une belle spatialisation et une réponse en fréquence équilibrée. Même un petit élément pouvait briller grâce à la PW1.
La Sumiko Amethyst, un MM bien supérieur, m’a transporté avec la réédition de “Ting” des Nits. Tout y était : profondeur, dynamique, raffinement. Rob Kloet à la batterie, Robert Jan Stips au piano, Dieuwke Kleijn au violoncelle… Une émotion sincère m’a saisi à plusieurs reprises. Encore un point fort pour la PW1.
Et enfin, avec le Dynavector XX-2a, sur “Resonance” de Boris Blank ou “Vision Of Contentment” de Joep Beving, l’expérience fut simplement magique. Inutile de parler d’aigus, de graves ou de timbres : la musique était là, entière, habitée, bouleversante.
J’ai testé beaucoup de phonostages au fil des années, et la Grimm PW1 s’installe avec assurance dans le peloton de tête des meilleurs que j’aie jamais entendus, indépendamment du prix – qui, cela dit, reste très bien placé. Peter van Willenswaard est un véritable magicien, et Grimm Audio signe ici un coup de maître.
Le PW1 s’immisce sous la peau, pousse à enchaîner les écoutes jusqu’au cœur de la nuit. Pas une trace de bruit, seulement l’émotion de la musique, sublimée. Avec ses nombreux réglages et sa compatibilité universelle avec toutes les cellules, Grimm Audio tient là un produit d’exception. Pour moi, c’est une évidence : la PW1 est un phonostage fantastique et profondément remarquable.
Grimm Audio propose en 2025 un amplificateur pour platine vinyle (phonostage en anglais) qui allie un tarif raisonnable, une excellente qualité audio avec une capacité de faire fonctionner tout type de cellule (à l’exception des cellules DS AUDIO), mêmes les plus compliqués. Le design est de plus agréable et compact.
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