Même si le CD perd chaque année des parts de marché au profit du streaming, nombre d’amateurs, et parmi eux ceux qui écoutent du classique, possèdent d’importantes discothèques dans ce format. Raison pour laquelle certains fabricants, le plus souvent japonais, continuent de développer des machines de haute performance pour la lecture des CD. Le nippon CEC en a fait sa spécialité.
Schématiquement, la lecture du CD demande au faisceau laser de suivre une piste 300 à 500 fois plus fine qu’un cheveu, avec un disque dont la vitesse de rotation diminue en s’approchant du bord (vitesse linéaire constante). De plus, le CD peut être légèrement voilé et présenter des microrayures. Raison pour laquelle l’information est organisée en échantillons avec codes de correction, les circuits d’interpolation se chargeant de reconstituer le signal en sortie.
L’approche de CEC avec son entraînement à double courroie – une pour la rotation du CD, l’autre pour l’entraînement de la diode laser – consiste à éliminer les vibrations susceptibles d’engendrer des erreurs de lecture ; les circuits de correction sont dès lors moins sollicités, et la distorsion diminue. La mécanique du TL-2N est implémentée sur un large châssis en aluminium et le disque coiffé par un lourd palet magnétique de 12 cm et 380 gr. Enfin, on dispose d’une fonction d’upsampling à 88,2 kHz ou 176,4 kHz bienvenue.
Le drive CEC est relié en AES/EBU (liaison symétrique) au Tambaqui. Ce DAC streamer met en avant un système de conversion très original. Il est doté d’entrées multiples, S/PDIF, Toslink, HDMI I2S, USB B et même le Bluetooth. Le signal entrant est suréchantillonné à 32 Bits/3,125 MHz. Puis chaque canal est converti en analogique par un DAC PWM (Pulse-Width Modulation) avec convertisseur courant/tension à 32 étages FIR (Finite Impulse Response) en composants discrets. Le tout contribue à un rapport signal/bruit de 130 dB à couper le souffle, avec une distorsion négligeable…
Outre la fonction streamer (Roon ready), le Tambaqui propose également une sortie casque de haut niveau grâce à un circuit d’amplification dédié (jack 6,35 + XLR 4 broches), et des sorties audio XLR en symétrique uniquement.
Les électroniques retenues sont puisées au catalogue de l’allemand Brinkmann qui selon ses termes « défient l’obsolescence ». Le préampli Marconi MkII est l’ultime évolution d’un appareil âgé de plus de 15 ans. Ce préampli ligne à six entrées (4 RCA + 2 XLR) et deux sorties (RCA + XLR) a pour unique ambition « la sélection des entrées, le contrôle du volume et la capacité de piloter n’importe quel type de charge (câble + amplificateur) ». Le schéma est entièrement symétrique, ce qui aboutit à la présence de quatre circuits identiques (deux par canal, un pour chaque alternance), et ce schéma hybride fait appel à des tubes NOS (New Old Stock) de Telefunken associés à des transistors bipolaires. Deux fois plus onéreuse qu’un équivalent non symétrique, cette topologie de circuits se justifie par une caractéristique fondamentale de ce type de montage, la réjection de mode commun ; le bruit présent dans chaque alternance s’annulant en sortie par sommation (bruit en phase + bruit hors phase = 0). Autre aspect important de ce préampli, le réglage de volume dont le potentiomètre pilote des circuits intégrés qui commutent des résistances placées dans le chemin du signal par pas de 0,5 dB, diminuant ainsi tout risque de pollution. L’alimentation est logée dans un boîtier déporté pour en éliminer les effets nocifs.
Les blocs Brinkmann ont pour nom Mono et délivrent une puissance de 150 W par bloc sous 8 ohms et 250 W sous 4 ohms. Helmut Brinkmann met en avant la présence d’une alimentation extrêmement stable composée d’un transformateur pouvant fournir jusqu’à 1500 W, suivi d’un filtrage à base de quatre condensateurs d’une capacité de 132000 µF… L’étage d’entrée est symétrique, tout comme ceux du Marconi. L’étage de sortie « Diamond » conserve une faible impédance et une phase constante à toutes les fréquences. Enfin, le chemin de signal est le plus court possible, d’où un boîtier très compact. Comme le Marconi MkII, les deux Mono reposent sur une base en granit qui joue le double rôle de stabilisateur mécanique et de dissipateur thermique. La fabrication est d’une qualité tout à fait exceptionnelle avec des composants choisis autant aux mesures qu’à l’écoute et un assemblage mécanique au-dessus de tout soupçon. Les capots transparents permettent de s’en rendre compte…
Et les enceintes elles-mêmes cultivent une forme d’hybridation. Les formes élancées des Stilla reposent sur une sorte de trépied qui permet de régler finement l’inclinaison de l’ensemble pour bien travailler la directivité et affiner au mieux le rendu de l’image sonore. L’enceinte est constituée d’une armature en MDF avec des coques moulées d’une pièce dans un matériau synthétique type Corian, ce qui lui assure rigidité et neutralité. En interne, aucun volume ne présente de surfaces parallèles, ce qui limite la génération d’ondes stationnaires. Le bas de l’enceinte contient un volume en forme de résonateur accordé qui accueille deux boomers de 18 cm montés avec un angle de 45° par rapport à la façade de façon à rigidifier l’ensemble et conserver un faible encombrement (16 cm de large). Ces boomers à grande élongation sont alimentés chacun par un bloc N-Core de 250 W. L’adaptation du subwoofer à son environnement se pilote par un dispositif analogique qu’Aequo Audio a baptisé ARPEC et qui offre deux réglages ; Room size qui agit sur la réponse dans l’extrême grave, et Placement qui joue plutôt sur l’intensité – des réglages à affiner à l’oreille.
Le haut de la colonne abrite un système 2 voies compact en charge close pour le médium grave de 13 cm et un tweeter très particulier à profil de membrane en M, ogive centrale et pièce de mise en phase. Le filtre est très simple, sans condensateur sur le chemin du médium grave pour une bonne réponse transitoire. À noter qu’il existe également une option active pour la partie haute avec un ampli N-Core de 100 W qui s’ajoute au dispositif en place. Côté performances, le niveau de grave rapporté au volume de cette enceinte est phénoménal avec un 18 Hz couvert à -3 dB et une bande passante totale qui s’étend de 14 Hz à 35 000 Hz pour un rendement en partie haute de 90 dB.
De la lecture du CD par l’entraînement à courroies, jusqu’à la reproduction vivante et inspirée des Stilla, en passant par le Tambaqui, à la fois transparent, rapide et d’un naturel rare, qualités que les électroniques Brinkmann traduisent avec autorité et délicatesse : tout cela forme un ensemble extrêmement abouti, et pour tout dire incroyablement séduisant. Certes, ce n’est pas une petite chaîne que l’on achètera sur un coup de tête, d’autant qu’il n’était pas évident de réunir des fabricants avec des personnalités aussi marquées pour en faire un ensemble sensible, musicalement très abouti, et dont le potentiel va bien au-delà des performances annoncées. Chaque changement de câble ou de source, chaque réglage de la position des enceintes permet de constater à quel point ce système ne demande qu’à exprimer son potentiel musical. Que ce soit sur de petits ensembles vocaux ou sur de la musique symphonique, cette composition montre une autorité qui nous a à chaque fois surpris, nous faisant invariablement penser à des enceintes de gamme supérieure. Pour qui veut concilier grand son et encombrement modeste, les Aequo Audio Stilla sont des enceintes à considérer très sérieusement. Quant au reste de la chaîne, c’est du très, très sérieux. Désirable.
Copyright 2021|2025 - Tous droits réservés
