Le souvenir de l’exceptionnel DAC Playback Designs MPD-8, un des tout meilleurs de la galaxie, est encore bien en mémoire. Mais cette performance est rendue possible grâce à une source superlative, utilisant la liaison propriétaire en fibre optique PLink. À la baguette, le MPS-X Edelweiss s’est montré magistralement à la hauteur de son illustre aîné, pour un duo exceptionnel.
Il possède l’apparence de la ligne Edelweiss, comme le DAC MPD6 testé dans notre numéro 261. Le MPS-X est la version autonome de l’option carte réseau Stream-X2, tous deux Roon Ready, pour une séparation totale entre la source et les circuits sensibles du DAC, plus une isolation parfaite de tout bruit numérique. Le MPS-X dispose dans son châssis d’une mise en œuvre plus poussée, avec ses propres alimentations, et apportant surtout la liaison PLink. Cette sortie numérique propriétaire opère une isolation galvanique totale, pour se relier de la manière la plus qualitative qui soit à un DAC (ou DACPlayer) Playback Designs. La carte Stream-X2 peut être installée en option pour ceux qui possèdent un MPT-8, MPS-8, MPD-6 ou MPS-6. Ces appareils possédant tous la liaison PLink, l’utilisateur peut soit installer la carte Stream-X2, soit les relier en PLink au MPS-X pour un résultat encore supérieur. Seul le convertisseur MPD-8 ne peut pas recevoir en interne cette carte, ce DAC devant obligatoirement être relié en PLink à un transport externe du fabricant. La voie royale pour ceux qui ont la chance de posséder le MPD-8 est d’y associer le transport MPT-8 disposant du PLink. Avec la carte Stream-X2 installée dans le MPT-8, la configuration est alors similaire au MPS-X, apportant en plus la lecture CD et SACD en natif, car PLink véhicule le flux DSD du SACD en natif, à la différence des autres liaisons. Il est à noter que la fibre PLink n’a rien à voir avec une Toslink courante, mais est basée sur une interface haut de gamme, assurée via une fibre ATT-ST fiber de très haute qualité, réduisant nettement la gigue.
Le MPS-X intègre le module Stream-X2 de deuxième génération, plus performant que le précédent Stream-IF, prenant en charge les fréquences jusqu’à 384 kHz (PCM) et DSD jusqu’à 11,2 MHz. Le DSD est en DoP via la liaison conventionnelle, et en natif via PLink pour toutes les fréquences. Le streamer autorise la diffusion en continu directement à partir de services tels que Tidal, Quobuz, Deezer, vTuner, et peut lire les fichiers à partir d’un stockage en réseau (NAS), de sources USB (ordinateurs, serveurs, etc.) et d’entrées numériques standard, dont USB-A. Le moteur de rendu et serveur DLNA prend également en charge Roon, permettant avec le DAC connecté d’être Roon Ready. L’association avec Roon est d’ailleurs assez fantastique à l’utilisation, tellement ce soft redéfinit la manière de découvrir de nouveaux horizons musicaux, tout en prenant en charge magistralement la haute résolution. Mais grâce au DLNA, le MPS-X se pilote aussi par les applications ConversDigital, préférablement sur iPad. mconnect Control HD est gratuit, en format paysage non compatible avec l’iPhone, où les fonctions importantes sont accessibles sur une seule page. mconnect Control est identique, mais en vue portrait et compatible iPhone ou smartphone. Enfin mconnect Player Lite a des fonctionnalités plus limitées, et contient de la pub.
Le MPS-X est doté de la technologie d’horloge propriétaire PDFAS de dernière génération, qui met en mémoire tampon toutes les entrées numériques et réduit considérablement la gigue. Déjà présente sur les autres appareils, l’ajout d’une seconde couche dans le MPS-X accroît la sécurité et augmente les performances sonores. Il encode toutes les données de façon native vers les sorties coaxiales, AES ou PLink. En connectant les sources numériques et en les reliant via PLink à un DAC Playback Designs, le signal audio est filtré, sans altérer les bits, mis en mémoire tampon et nettoyé deux fois, une fois par le MPS-X et une autre fois par le DAC. L’alimentation linéaire de haute qualité opère une parfaite isolation de chaque circuit numérique. Ultime cerise sur le gâteau, tous les appareils Playback Designs intégrant une interface USB sont compatibles avec le logiciel Sonoma Recorder fourni, mis au point par Andreas Koch pendant le développement des formats SACD et DSD. Il permet d’enregistrer des pistes numériques ou des CD/SACD sur un PC, et la création de fichiers DSD avec les algorithmes Playback Designs. Dans la série Sonoma, il existe même un convertisseur ADC Pinot qui génère des fichiers haute résolution à partir de supports analogiques, disques vinyles et bandes master. C’est une fonction unique à Playback Designs, qui crée des fichiers numériques de qualité DSD, toujours grâce aux algorithmes maison, via le soft Sonoma.
La configuration en amont comprend ici un serveur Innuos ZENith Mk3 utilisé comme Core pour Roon, intégrant un stockage sur SSD, le MPS-X étant relié au DAC MPD-8 en liaison PLink, le tout bien mis en œuvre par 1877.Audio. Innuos est d’ailleurs la recommandation du distributeur Playback Designs, qui a noué un partenariat en France avec cette marque. Difficile d’imaginer ce qu’est possible de faire cette association sans l’avoir écoutée de ses propres oreilles, pour constater les immenses possibilités de la musique dématérialisée, et la différence qui existe entre un ensemble numérique qualitatif et cette véritable référence de la haute résolution. C’est un peu le même écart entre une bonne platine vinyle et les meilleurs modèles du marché. D’ailleurs curieusement, l’écoute se rapproche de très près des plus belles restitutions analogiques, avec un degré de subtilité et de richesse harmonique rarement aussi évidente en numérique, particulièrement sur les meilleurs enregistrements DSD. Andreas Koch connaît mieux que quiconque ce support, en développant la première machine d’enregistrement, d’édition et de mixage DSD à 8 canaux, et en contribuant lui-même à en extraire la quintessence avec Playback Designs. Cela se ressent à l’écoute, où un DSD bien réalisé montrera sa supériorité incontestable, par un naturel, une dynamique et un sens du détail à nul autre pareil. La séparation physique et galvanique grâce au PLink se traduit par une amélioration sonore spectaculaire par rapport à une connexion directe au DAC via USB, par exemple. L’image sonore est magistrale de réalisme, un orchestre symphonique est ressenti ici de façon physique et organique, la texture et la personnalité de chaque pupitre se révélant intimement, tout comme la nature de la salle de concert. Par exemple sur la Symphonie n° 1 de Carl Nielsen, par le Danish National Symphony Orchestra dirigé par Fabio Luisi, l’ordonnancement sonore est d’une richesse et d’une diversité incomparable. Rarement un orchestre n’a paru aussi vivant et réaliste à partir d’une source numérique, par la dynamique délivrée, et la haute résolution qui ne se fait pas ici au détriment de la vérité, mais en prise directe avec le mastering, n’ajoutant aucun vernis artificiel. Elle en exhausse la riche palette, que l’on ne pensait guère possible venant du numérique, pour entrer dans un univers musical faste et envoûtant.
L’harmonie de ce duo Playback Designs MPS-X & MPD-8 est totale grâce à la liaison PLink, qui porte les qualités musicales vers des sommets très rarement atteints. Mais à aucun moment la technologie n’entrave l’émotion pure, ni ne colore le réalisme de l’enregistrement initial. Le degré de délicatesse atteint ici est ultime, certes à un budget qui n’est pas à la portée de tous, encore qu’il ne soit pas abusif au regard de la très haute place des Playback Designs dans la hiérarchie mondiale. Toutes ces considérations s’oublient une fois goûté aux satisfactions retirées à l’écoute de ce couple hors classe, si proche d’une certaine perfection de la reproduction sonore. Bruno Castelluzzo
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