Une paire de colonnes ressemblait à de gros galets lisses dans la pièce – sans arêtes, sans surfaces plates, sans la moindre perturbation visuelle. « Kaya » signifie maison en zoulou et riche en filipino. Je pense que cela saisit parfaitement l’essence des Kaya 90 : du bonheur à l’état pur.
Chaque coffret aux formes généreuses embarque quatre woofers de 12,5 cm à annulation de réaction, orientés latéralement et logés dans une charge à évent tubulaire conique, un médium de 10 cm et un tweeter à dôme de 2,6 cm. Tous sont en aluminium et protégés par des grilles métalliques fixes plutôt que par du tissu. Les fréquences de coupure sont relativement hautes : 300 Hz et 3 kHz respectivement. La sensibilité (90 dB) et la charge minimale de 4 ohms rendent les Kaya faciles à associer avec pratiquement n’importe quel amplificateur. Le tweeter utilise une onde guide peu profonde pour contrôler la dispersion et éviter les réflexions latérales. Les coffrets sont moulés en composite Soric (polyester) renforcé de fibre de verre, ce qui les rend étonnamment légers pour leur taille (35 kg chacun). Le style de la marque interdit tout placage bois – seules des finitions laquées mates ou métalliques sont disponibles en option pour s’accorder avec votre intérieur.
Les Kaya ont été conçues pour satisfaire les amateurs ayant des pièces de taille plus modeste, pour qui les Giya étaient tout simplement trop grandes. Cela vaut aussi pour leur réponse dans le grave, bien qu’elles utilisent le même évent tubulaire conique que les Giya. Contrairement aux grandes sœurs, les Kaya n’ont pas de spirale externe – le tube fait partie intégrante de la structure interne du coffret en forme de goutte. Suffisamment éloignées des murs, elles descendent jusqu’à environ 42 Hz, ce qui est suffisant pour la plupart des musiques, y compris la symphonique. Les graves sont percutants, bien définis, sans traînage, et parfaitement intégrés au médium. Rien d’étonnant de la part de Vivid Audio. Plus les Kaya sont proches des murs, plus le grave devient généreux, au prix d’une légère tendance au bourdonnement. Personnellement, je préfère un grave net à un grave plus profond qui pourrait créer des problèmes de modes dans la pièce. Si vous trouvez les graves des Kaya insuffisants (par exemple pour une utilisation home cinéma), vous pouvez toujours leur adjoindre un ou deux bons caissons de basses contrôlés par DSP.
Les Vivid Audio Kaya sont des enceintes au son magnifique. Par là, j’entends : transparent, clair et étendu dans l’aigu, mais jamais maigre ou agressif. Les hautes fréquences sont argentées, scintillantes, maîtrisées – je n’ai jamais perçu la moindre dureté métallique. Les saxophones dans Harry James & His Big Band, Still Harry After All These Years (LP Sheffield Labs) étaient incisifs, pleins de fougue, sans jamais perdre en matière ou en richesse harmonique.
Vivid Audio sait parfaitement libérer ses haut-parleurs, et l’écoute de programmes dynamiques est un véritable régal sur les Kaya. Elles sont capables de très grands écarts dynamiques et d’une réponse fulgurante. Les baguettes frappant les peaux de tambour sonnent comme des coups de feu : résonants et puissants. Il n’y a ni délai, ni déphasage entre les transducteurs, ni amortissement dû au coffret – résultat : la voix d’Elvis Presley (Promised Land, LP RCA Victor) prenait vie dans la pièce. Même les enregistrements anciens, comme Le Lac des cygnes par Ansermet (Tchaïkovski, Orchestre de la Suisse Romande, Decca 1959), devenaient enthousiasmants et vivants via les Kaya. Je me suis surpris à ne plus bouger du tout sur mon fauteuil, complètement captivé par l’interprétation. Contrairement à mes Sasha W/P, les Kaya offrent un champ sonore plus flottant, sans aucune agressivité.
Inutile de s’étendre sur la capacité des Kaya à générer une scène sonore tridimensionnelle et à disparaître totalement dans la pièce – elles le font. Ce que je veux souligner, c’est que leur intégration dans la pièce demande une attention particulière. Trop proches des murs, les basses deviennent trop présentes et entraînent un excès de bourdonnement ; une mauvaise compatibilité avec les modes de la pièce peut aussi vider la bande des 50-60 Hz et donner un rendu trop maigre. Cela vaut pour beaucoup d’enceintes, mais les Kaya m’ont semblé particulièrement sensibles aux variations de placement. Par exemple, le mix surchargé des années 90 de The Hunter (Jennifer Warnes, BMG/Private Music) a nécessité quelques déplacements pour obtenir le bon équilibre entre la voix et les sons électroniques.
La mission de Vivid Audio est clairement réussie – la nouvelle Kaya 90 reprend toutes les caractéristiques qui ont fait le succès des Giya, mais avec un prix plus accessible. Si cela reste encore trop onéreux, la gamme Kaya comprend aussi les modèles Kaya 45 et Kaya 25, le chiffre indiquant le volume interne du coffret.
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