Intégrant un DAC de haute qualité et un streamer dans un boîtier demi-format, ce nouveau convertisseur numérique propose également un puissant DSP configurable par l’utilisateur. Une combinaison redoutable…
« Avec ce nouveau DAC, c’est la première fois dans ma carrière de designer que j’ai la chance de créer un produit qui fait dire “waouh” », confie Daniel Weiss à HFN. « Conçu par notre équipe ici, il est différent – mais pas radicalement – de nos précédents produits. » Il fait preuve d’une certaine modestie, car ce nouveau Weiss DAC501 a de quoi étonner sur de nombreux plans…
Comme son grand frère le DAC502 – essentiellement identique mais logé dans un boîtier pleine largeur avec une sortie casque supplémentaire – ce petit convertisseur numérique / ampli casque / streamer suisse propose plusieurs fonctions peu courantes. Affiché à 7200 £, le DAC501 regorge d’innovations techniques, dont certaines dépassent le cadre habituel des convertisseurs destinés au grand public. Daniel Weiss précise lui-même que ce n’est pas un produit à « brancher et oublier ». Il requiert, selon lui, une vraie interaction de la part de l’utilisateur pour tirer parti de l’étendue de ses possibilités.
Le succès de l’ergonomie du DAC501 dépendra surtout des attentes et de l’expérience de l’utilisateur. Personnellement, j’ai trouvé que la combinaison d’un écran couleur tactile et d’une molette de contrôle physique n’était pas très cohérente. D’ordinaire, on s’attend à l’un ou à l’autre – mais pas aux deux, ce qui donne ici un système de contrôle qui manque autant de l’aspect tactile d’un bouton en métal usiné que de l’intuitivité d’un écran tactile complet comme celui d’un smartphone.
Sur tous les autres plans, l’appareil est irréprochable. Il est magnifiquement construit, avec un boîtier en acier usiné à la perfection, orné d’une façade en aluminium de 10 mm d’épaisseur. Notre exemplaire de test arborait une superbe finition noire satinée. Le format compact est également très appréciable au regard de la richesse fonctionnelle proposée.
Outre ses options de traitement du signal \[voir encadré], le DAC501 dispose de cinq entrées numériques : AES/EBU (XLR), S/PDIF (coaxial et optique), USB et Ethernet (streaming compatible DLNA). Il propose des sorties ligne symétriques et asymétriques configurables selon différents niveaux de sortie, et intègre un amplificateur casque.
La façade est dominée par la molette de contrôle/power – en réalité un encodeur rotatif contrôlé par logiciel – et par l’écran. La télécommande infrarouge est élégante, sans être aussi luxueuse ou massive que certaines proposées par d’autres marques haut de gamme.
Lors de la première mise en route comme pour les mises à jour, une connexion Ethernet permet d’accéder à l’interface web. Celle-ci offre de nombreuses options de configuration : volume, balance, sélection d’entrée, type de sortie, algorithmes DSP… C’est un outil très pratique ! Le DAC501 est relativement simple à utiliser, mais révèle son plein potentiel via cette interface web.
Sous le capot, dans un boîtier blindé, on trouve une paire de puces ESS Sabre ES9018K2M 32 bits, surveillées par un processeur DSP SHARC exécutant les algorithmes maison de Weiss. Le streaming est assuré par GStreamer, qui prend en charge le LPCM de 44,1 kHz à 384 kHz, ainsi que le DSD64 et DSD128. D’autres formats seront ajoutés via mises à jour logicielles. Roon est en cours d’intégration selon Daniel Weiss, mais le décodage MQA n’est pas prévu à ce jour.
L’horloge du DAC, de haute précision et à faible jitter, fonctionne à une fréquence volontairement non multiple de 44,1 ou 48 kHz. Tous les signaux entrants sont suréchantillonnés à 195 kHz (au lieu de 192), fréquence à laquelle s’exécutent aussi les traitements DSP. Cela permet, selon Weiss, d’optimiser la qualité du signal et de réduire considérablement les effets liés au jitter.
Avant d’entrer dans le vif du son du DAC501, évoquons les options DSP, qui, selon moi, sont inégalement convaincantes. L’égaliseur « Creative Equaliser » est celui qui m’a le plus impressionné, offrant une correction très ciblée. Utile pour affiner un système autrement que par tâtonnement ou changement de câbles.
L’émulation vinyle, elle, rendait chaque morceau un peu plus terne et anémique – rien à voir avec le son réel de ma platine. Le « Crosstalk Cancelling » (XTC) était intrigant, mais je l’ai finalement préféré désactivé, tout comme la correction de pièce. En fin de compte, c’est affaire de système, de pièce, de goût… et de temps disponible.
Mais une fois tous les traitements désactivés, le DAC501 révèle une restitution exceptionnelle. C’est ouvert, détaillé, avec une scène sonore en trois dimensions saisissante. Sa transparence est à couper le souffle, nettoyant l’enregistrement de tout voile, toute brume ou nébulosité. Même face à des DACs plus chers, il fait preuve d’un niveau de clarté impressionnant.
On se sent directement plongé dans le mix, comme un ingénieur du son aux manettes. Peu de convertisseurs numériques offrent ce degré de netteté et de focalisation. L’inconvénient – si on peut parler d’inconvénient – est que ce n’est pas un DAC qui cherche à flatter ou adoucir. Il ne cherche pas à enjoliver, mais à révéler. Ceux qui veulent un rendu lisse et flatteur devront regarder ailleurs.
La plus grande qualité du DAC501, c’est sa neutralité. Sans aucun DSP actif, connecté à un bon transport CD, il dévoile les moindres détails d’un enregistrement. Sur « Bonny » de Prefab Sprout \[*Steve McQueen*], une production très soignée signée Thomas Dolby, le Weiss révèle un niveau d’information insoupçonné.
Ce qui frappe, c’est la façon dont il sépare chaque élément : la guitare solo semble totalement détachée des nappes de claviers, les percussions sont positionnées avec naturel, et la voix de Paddy McAloon flotte avec douceur. Chaque couche est présentée avec une précision chirurgicale.
La spatialisation stéréo est également remarquable, avec une profondeur de scène bluffante. Sur « Just Another Nervous Wreck » de Supertramp \[*Breakfast In America*], morceau typique des années 70, un peu plat et brillant, le DAC501 en extrait de nouvelles couches de subtilité et les place dans une scène 3D convaincante. C’est comme si j’avais soudain compris ce que le producteur Ken Scott avait voulu faire.
Impossible de nier que le DAC501 est rapide et incisif : chaque morceau est transfiguré par une énergie immédiate. Sur « There’s Nothing Like This » d’Omar, un classique acid jazz pourtant doux et feutré, il insuffle un rythme, une propulsion, une tension… impressionnants. Ce DAC met en lumière les silences entre les notes et les restitue avec une extrême précision.
Cela dit, certains pourront regretter une certaine froideur mécanique. Le DAC501 a une approche rigoureuse du rythme, presque militaire, plus qu’une aisance naturelle et fluide.
Autre trait : le DAC501 est très lumineux, notamment dans le haut-médium. Jamais agressif, mais très clair. Sur « Star Chasers » par \[Re\:Jazz] \[*Extensions*], superbe morceau soul moderne à l’enregistrement très naturel, le rendu était vivant, engageant… mais j’ai trouvé la batterie un peu trop mise en avant. La guitare acoustique aussi, un peu « spotlit ». Pas désagréable, mais révélateur d’une certaine esthétique de studio.
Ce n’est pas pour autant que le DAC devient criard : les aigus restent fluides, spacieux et raffinés. Les graves, eux, sont solides, tactiles, avec une puissance bien présente. Au final, le rendu est équilibré mais toujours tendu, énergique, idéal pour ceux qui veulent retrouver dans leur salon la vitalité du concert.
Le Weiss DAC501 se montre constant sur toutes ses entrées, et excelle aussi en tant que streamer. Son étage casque rivalise presque avec les sorties ligne – preuve d’une conception globale très aboutie. La qualité de fabrication est irréprochable, et la flexibilité permise par le DSP en fait un produit d’une grande polyvalence. Coûteux, certes, mais à écouter absolument.
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