Le MPT-8 Dream Transport a d’abord été livré dans le cadre d’un test en duo avec le DAC MPD-8 Dream. Lors de cette évaluation, j’ai constaté que le MPT-8 offrait une telle richesse fonctionnelle et atteignait un niveau de performance si élevé qu’il méritait amplement un test dédié. Dans cette revue, j’examinerai toutes les fonctionnalités du MPT-8 avec trois serveurs différents et plusieurs DACs, dont le MPD-8.
Le MPT-8 est conçu comme une solution source universelle. Il intègre un transport CD/SACD basé sur un mécanisme haut de gamme développé par D\&M spécifiquement pour des applications audiophiles. Le MPT-8 peut transmettre le signal DSD natif via la connexion optique PLINK.
Il a également été pensé comme une plateforme idéale pour l’option Stream-X2, en faisant un véritable transport universel. De plus, il propose une connectivité étendue pour de nombreuses sources numériques externes.
En standard, le MPT-8 peut être connecté à une large gamme de sources numériques via Coaxial et Toslink S/PDIF, AES/EBU, USB et PLINK. L’option Stream-X2, connectée en RJ45, ajoute une entrée USB pour clés USB ou disques durs SSD/HDD. Le signal de sortie est disponible en AES/EBU et PLINK.
L’option Stream-X2 permet à de nombreux produits Playback Designs d’offrir un streaming de très haute qualité via une connexion réseau RJ45, compatible avec les bibliothèques locales et les services cloud comme Tidal, Qobuz, Deezer, vTuner, les NAS et Roon. Toute application compatible DLNA/UPnP fonctionnera avec cette option, mais les meilleures sont JPLAY (iPad) et Bubble UPnP (Android).
Le MPT-8 utilise la même alimentation linéaire haut de gamme que le DAC MPD-8, et intègre des étapes poussées de mise en mémoire tampon, de reclocking, de filtrage et de nettoyage de tous les signaux numériques pour éviter toute intermodulation susceptible d’atteindre le DAC. Enfin, les données numériques sont transmises dans leur format natif via AES/EBU ou PLINK pour conversion analogique par le DAC.
PLINK est une variante du standard optique ST Glass, spécialement adaptée par Playback Designs pour transporter le signal musical avec la plus grande fidélité entre composants, en supportant tous les taux d’échantillonnage PCM et DSD nativement. Contrairement au Toslink, PLINK utilise une interface laser ST de haute qualité à très faible jitter, identique à celles utilisées dans les liaisons de communication à très haut débit nécessitant un signal extrêmement stable.
Le signal musical voyage via un protocole à bande passante réduite, bien en-deçà des limites techniques du média, ce qui augmente la robustesse contre le jitter et permet des longueurs de câble pouvant atteindre 300 mètres. Les câbles PLINK sont en multimode 62,5/125 µm.
La première version, appelée PLINK Classic, date de plus de 15 ans et supportait le DSD jusqu’à 5,6 MHz. Elle est présente dans les appareils Playback Designs de la série 5 et l’IPS-3 (sauf mise à jour). Avec l’évolution des formats, le DSD a été étendu à 11,2 MHz, donnant naissance à la version PLINK Sonoma, en hommage à la station de travail audio du même nom.
Il est important de noter que le PLINK est compatible avec NAGRA LINK, ce qui signifie que le transport réseau MPS-X, tout comme le MPT-8, est compatible avec les DACs NAGRA dotés de cette entrée – une donnée intéressante, d’autant que NAGRA ne propose actuellement aucun transport CD/SACD.
Le MPT-8 Dream Transport est un partenaire naturel du DAC MPD-8 Dream, déjà évalué séparément. Ce test se concentre sur le MPT-8, utilisé non seulement avec le MPD-8, mais aussi avec d’autres DACs.
Le système d’écoute de référence comprend un DAC CH Precision C1.2, un préampli CH L1, un ampli de puissance CH A1.5, et des enceintes Magico S1 MkII. Les sources numériques incluent les serveurs musicaux Antipodes K50, Grimm MU1 et Taiko Audio Extreme, ainsi que le transport CD Aqua Diva M2 et l’interface réseau Aqua LinQ.
Tous les câbles de modulation sont des Driade Flow Link Reference 808 (symétriques et asymétriques), et les câbles d’enceintes sont des Driade Flow Reference 808. Le support est assuré par des meubles Artesania Exoteryc et HRS EXR, avec plateformes au sol et bras en fibre de carbone.
Lors du premier test du MPT-8 avec le DAC MPD-8, j’ai constaté que toutes mes sources se comportaient de manière exceptionnelle lorsqu’elles étaient directement reliées à ce DAC de très haute qualité. Chacune des trois plateformes de serveurs conservait ses caractéristiques propres, restituées avec une pureté et une clarté remarquables. Le DAC parvenait systématiquement à capter l’essence musicale de chaque enregistrement. En résumé, le MPD-8 avait atteint un tel niveau de performance qu’il avait reçu la distinction Magnificent Masterpiece.
Bien que les trois serveurs aient tous parfaitement fonctionné avec le DAC MPD-8, la grande surprise est venue de la lecture de CD Red Book (44/16) via le transport de disques intégré du MPT-8, relié en AES/EBU au MPD-8.
Le transport de disques du MPT-8 offre une restitution distincte de celle des serveurs. Le son est tendu, précis, stable, direct et maîtrisé, tout en étant incroyablement dynamique, entraînant, expressif et énergique.
À certaines oreilles, le transport du MPT-8 pourra sembler un peu « factuel », mais pour moi, il est simplement fidèle à la source. Il ne cherche pas à embellir ou romantiser le signal comme le faisaient les anciens transports à mécanique CDM-1 ou CDM-4, mais sa densité tonale et sa richesse harmonique l’éloignent nettement d’un rendu froid ou clinique.
À mes oreilles, le transport optique du MPT-8 est ce que j’ai entendu de mieux jusqu’à présent, surpassant les serveurs en tension, impact, vivacité et expressivité. Et cela vaut non seulement avec le DAC MPD-8, mais également avec d’autres convertisseurs.
Combiné au MPD-8 via la liaison PLINK, le duo dévoile un autre atout : un son plus doux, fluide et naturel grâce à la fibre optique. Cette connexion rapproche l’écoute de ce que peuvent offrir certains transports à bras oscillants ou à entraînement par courroie classiques.
Le MPT-8 est aussi un lecteur SACD. Il lit ces disques avec les mêmes qualités que pour les CD : une résolution plus élevée, plus de délicatesse et une sensation de fluidité continue. Le rendu du DSD est souvent plus aérien que celui du PCM, et le MPT-8 respecte cette signature, tout en étant l’un des lecteurs SACD les plus incisifs et solides que j’aie entendus.
Connecté en AES/EBU plutôt qu’en PLINK, le son du MPT-8 gagne un peu en densité dans le grave, devenant ainsi légèrement plus ancré, avec une signature plus typée PCM. En revanche, via PLINK, le son est plus léger, tout aussi agile, plus aérien et fluide – des qualités typiques du DSD renforcées par cette liaison.
Lorsqu’un transport CD entre en scène, je le compare systématiquement à ma référence dans sa gamme de prix : l’Aqua La Diva M2. Ce dernier possède un grand cœur et reste mon lecteur préféré sous la barre des 10 000 €. Il se distingue par sa fluidité, sa finesse, son raffinement, son sens de l’aération et de la continuité. Relié via un câble AES/EBU Mogami 3080 Neglex, la Diva M2 délivre un son charmeur, velouté, d’une douceur exquise.
Cependant, il est indéniable que le transport du MPT-8 m’a « gâté » par sa vitalité et son expressivité. Par comparaison, l’Aqua apparaît un peu plus rond que strictement neutre et manque légèrement de contrôle et d’impact dans le bas et le bas-médium. Cela mis à part, l’Aqua tient admirablement bien la comparaison, avec un niveau de résolution, de transparence et surtout de musicalité tout à fait comparable.
J’ai une grande admiration pour ce que propose la Diva M2 à un prix relativement raisonnable, mais cela rappelle aussi ce qu’il est possible d’atteindre dans des sphères encore plus élevées. Le MPT-8 coûte plus de trois fois plus cher, mais justifie pleinement son tarif par le niveau de performance qu’il atteint.
Comme mentionné précédemment, les entrées USB et AES/EBU du DAC MPD-8 offrent d’excellents résultats avec les trois serveurs, avec des performances proches de celles obtenues avec la lecture d’un CD via le transport MPT-8. Cela dit, Roon conserve toujours une certaine signature sonore, perceptible sur tous les serveurs, streamers et DACs que j’ai testés, y compris le MPD-8.
C’est là qu’interviennent le MPT-8 Dream Transport et la liaison PLINK !
En lecture via Roon vers le MPT-8 connecté au MPD-8 en AES/EBU, on remarque immédiatement une amélioration en spontanéité, en agilité et en expressivité par rapport à une connexion directe au DAC. Ce sont justement les points où Roon est souvent en retrait face à UPnP.
En passant à la liaison PLINK entre MPT-8 et MPD-8, on gagne encore en fluidité, en finesse et en naturel. Les trois serveurs conservent leur signature sonore propre, et la « patte Roon » n’a pas totalement disparu, mais tous ont sonné nettement plus purs et expressifs que lorsqu’ils étaient connectés directement au DAC via USB.
D’ailleurs, l’entrée USB du MPT-8 produit systématiquement une restitution plus précise et plus expressive que celle du MPD-8, rapprochant encore davantage la qualité de restitution du streaming Roon de celle de la lecture CD.
Pour exclure toute influence extérieure, j’ai comparé l’Oladra en mode Roon et en mode UPnP/MPD, via AES/EBU, à une diffusion réseau vers le MPT-8. Comme dans le test précédent, l’Oladra sonne légèrement différemment selon la sortie utilisée (AES/EBU), mais globalement les deux solutions offrent un rendu fluide, transparent, avec une signature cohérente. Avec le MPT-8 cependant, les deux modes de connexion sonnent plus proches l’un de l’autre que lorsque le serveur est directement relié à un DAC.
Finalement, la sortie AES/EBU est un peu plus ronde et charnue, tandis que le streaming réseau est légèrement plus tendu et précis. Les deux approches sont techniquement irréprochables et émotionnellement convaincantes : l’Oladra en AES/EBU reste un peu plus séduisant, tandis que le streaming offre plus de contrôle. Avec une interface aussi performante, le choix relève davantage du goût personnel ou de la commodité. Quel que soit le format ou le mode de connexion, le MPT-8 offre systématiquement un plaisir d’écoute absolu.
Du moins… c’est le cas avec l’Oladra. En serait-il de même avec un serveur plus modeste, comme le Grimm MU1 ?
J’avais initialement acheté le Grimm MU1 pour sa sortie AES/EBU, au son incroyablement pur. Cependant, j’ai constaté qu’au fil des mises à jour firmware, si la résolution et le raffinement s’étaient accrus, la machine devenait aussi plus sensible – ou plus révélatrice – des défauts typiques de Roon, qui varient à chaque mise à jour. J’ai donc commencé à expérimenter en utilisant le MU1 uniquement comme serveur, en le connectant à d’autres lecteurs réseau.
Mon premier candidat fut naturellement le DAC CH Precision C1.2, qui m’avait pleinement convaincu par sa performance, aussi bien via AES/EBU que via streaming UPnP. Cependant, comme c’est souvent le cas, l’entrée Roon Ready de ce DAC s’est révélée moins engageante. En utilisant le Grimm comme serveur pour streamer vers le DAC CH, le rendu restait fluide et naturel, avec une belle pureté et délicatesse, mais il manquait de présence, de conviction et d’expression – des symptômes typiques de Roon. Cela m’a finalement conduit à intégrer l’interface réseau Aqua LinQ.
Mais c’est le MPT-8 qui a apporté une toute nouvelle perspective.
Soyons justes : la section de sortie numérique du Grimm MU1 est remarquable par sa résolution, sa transparence et sa fluidité, sans jamais verser dans le rendu typiquement “numérique”. Elle me rappelle, à bien des égards, les lecteurs CD Meridian 507 et 808. Mais le MPT-8 va plus loin : il conserve les qualités “non numériques” du MU1 tout en ajoutant de la pureté, de la texture, une saturation plus profonde, et un flux musical plus organique. Et surtout, il apporte une assise, une dynamique et une assurance sonore bien supérieures, corrigeant efficacement la signature Roon souvent jugée trop neutre.
L’Aqua LinQ est une interface réseau brillante, abordable et presque infiniment évolutive, qui a longtemps offert la meilleure performance en streaming dans mon système – jusqu’au test du Playback Designs MPS-X, qui excelle dans certains aspects clés. Le MPS-X offre un rendu plus chaleureux, fluide et raffiné, mais au prix d’un léger retrait en précision, fermeté et articulation. À ce titre, ces deux interfaces offrent des visions complémentaires et également valables.
Le LinQ donne le meilleur de lui-même en UPnP ou Squeezelite, deux protocoles compatibles avec Roon (en émulant un serveur Squeezebox). À noter : un seul serveur Squeeze peut être actif à la fois. Si un autre serveur matériel ou logiciel est allumé, Roon ne fonctionnera pas.
En utilisation native Squeeze ou Roon/Squeezelite, le son via le LinQ est superbe, comme je l’ai largement détaillé dans mon test du module Squeeze de l’Aqua LinQ. Pourtant, le MPT-8 évolue dans une autre catégorie. Il délivre un son nettement plus propre, plus pur, tout en étant encore plus naturel. Alors que j’avais besoin du LinQ pour rendre Roon “acceptable”, le MPT-8 parvient à produire un son supérieur en Roon natif (RAAT).
Et ce n’est pas tout : le MPT-8 reprend toutes les qualités du MPS-X avec l’option Stream-X2, et y ajoute les avantages cités plus haut, ce qui donne la meilleure performance Roon que j’aie entendue dans ce système à ce jour.
Les lecteurs réguliers savent que j’adore l’interface Roon et ses fonctions, mais que je préfère généralement la neutralité et la clarté du UPnP. Dernière étape donc : comparer le MPT-8 au LinQ en UPnP.
Avec l’Oladra en mode UPnP/MPD, contrôlé via l’excellente application JPLAY iOS, le LinQ livre une sonorité familière, solide, tendue et bien définie. Mais elle est aussi plus sombre, plus brute, et sensiblement moins raffinée que ce que propose le MPT-8, même en Roon ou Squeezelite.
Et là, tout est dit. En streaming via UPnP, le MPT-8 domine totalement et détrône le LinQ comme meilleur lecteur réseau. Il surpasse ce dernier en termes d’aération, d’ampleur et de fluidité, tout en offrant une résolution accrue sans perdre en douceur ou en raffinement. Pour être clair, Roon sonne encore légèrement plus plein et relaxant, tandis que UPnP est plus net et incisif. Mais à ce niveau de performance, le choix du protocole importe peu, tant le MPT-8 excelle dans tous les cas de figure.
Ne considérez pas le MPT-8 Dream Transport comme un simple boîtier élégant pour accueillir le module Stream-X2 avec quelques fonctions additionnelles. Il fait cela, certes, mais il va bien au-delà : il sublime n’importe quelle source et propose, en prime, un transport CD/SACD exceptionnel.
Ce transport porte parfaitement son nom de “Dream”. Il est, de loin, le meilleur lecteur réseau et le meilleur transport CD que j’aie jamais entendus.
Et pour rendre hommage à ce niveau de performance hors norme, je lui décerne la distinction ultime de Magnificent Masterpiece de HFA.
Le transport Playback Designs MPT-8 est le complément idéal pour le DAC flagship MPD-8. Grâce à la liaison fibre (de type ATT) PLINK, le flux audio entre les deux appareils est protégé des interférences électriques et magnétiques extérieures. D’autre part, tous les formats audio supportés sont transmis sans compression et sans perte car la liaison supporte le DSD 256 natif.
En option, la carte Stream-X2 ajoute au MPT-8 la capacité de lire des fichiers numériques stockés sur le réseau ou depuis les plateformes comme Tidal ou Qobuz.
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