« Classe D », hausses-tu les épaules. « Encore un boulot d’ICEpower, peut-être un nCore. Bâillement. Suivant. »
Minute, amigo. Reste avec moi. Même si le Telos 590 NextGen, avec ses 215/280 watts sous 8/4 ohms, est plus puissant que le Job INT examiné précédemment, il s’agit toujours d’un amplificateur à large bande passante, à couplage direct et en classe AB.
En plus de ses cinq entrées analogiques, on trouve un nouveau DAC compatible 24/384 PCM et DSD128 via USB, coaxial et Toslink ; ainsi qu’une télécommande en forme de baguette ou via application pour iPad/iPhone.
Cela le rend également plus complet que le Telos 390 qu’il remplace, et auquel il ajoute une entrée supplémentaire.
Mais reprenons depuis le début… ou plutôt depuis la fin. Que signifie donc ce suffixe « NextGen » ?
Goldmund s’était donné pour mission de moderniser son amplificateur le plus puissant jamais conçu : le Telos 5000, une édition limitée de 651 livres et 1 mètre de haut. Le communiqué de presse raconte que le modèle issu de ce développement, le Telos 5500, a dépassé leurs propres attentes.
Ils ont alors décidé d’adapter cette technologie à leurs modèles les plus vendus, dans les gammes préamplis et amplis de puissance. Ainsi, le Telos 1000 est devenu le Telos 1000 NextGen, de même pour les Telos 2500 et Mimesis 22.
Plutôt que de conserver le nom précédent avec un simple suffixe, l’intégré a vu sa numérotation augmenter pour refléter sa puissance accrue. Son gabarit a également grandi. Il s’est même vu doter d’ailettes de dissipation visibles. Bien entendu, le célèbre logo plaqué or est toujours là. Avec un nom comme Goldmund, un peu d’or véritable est obligatoire.
Goldmund est une maison de luxe autoproclamée, après tout.
La gamme Telos est leur vitrine, baptisée d’après le mot grec « τέλος » signifiant objectif. Elle surplombe la gamme Metis, ce qui fait de ce 590 leur intégré emblématique ; leur Gryphon Diablo 300 ; leur prétendant au trône du « meilleur intégré au monde ». Le patron.
Alors déballez le film bleu de protection sur la plaque en or 24 carats. Faites sauter le bouchon. À votre santé !
Goldmund est basé à Genève — donc en plein cœur de l’infrastructure horlogère suisse, avec son réseau de sous-traitants ultra-précis.
Le châssis du Telos 590 bénéficie de cette expertise : finition soyeuse, ajustements impeccables.
Malgré sa puissance, l’esthétique du 590 reste sobre, classique, presque conservatrice. Pour les véritables muscles cachés, il faut regarder sous le capot.
Contrairement au Job INT qui numérisait ses entrées analogiques pour gérer le volume, le Telos 590 reste 100 % analogique. Aucune atténuation numérique ni algorithme temporel Leonardo 2 ici.
Anne-Karine Agius, directrice marketing monde basée à Monaco, m’a confirmé qu’ils ne publiaient pas les chiffres de puissance sous 2 ohms, ni d’impédance de sortie ou de taux de montée. En général, Goldmund préfère démontrer son savoir-faire chez ses revendeurs, dans des écoutes convaincantes, plutôt que par des fiches techniques détaillées.
Avec ses 40 ans de R\&D derrière lui, on peut attendre du 590 NextGen quelque chose de très raffiné :
* < 0,08 % de THD+N à 30 Vrms * < 0,02 % d’IMD sans charge * < 10 µV de bruit sur toute la bande * une dynamique > 100 dB
Sa puissance ne double pas en 4 ohms, ce n’est donc pas une bête à la Krell. Son gain est de 35 dB, au-dessus de la norme industrielle des 26 dB — mais c’est un intégré, pas un simple ampli.
À l’écran : entrée 5 sélectionnée, volume à 05.
Les deux boutons sont texturés différemment pour un usage intuitif.
Vert signifie marche, orange indique le verrouillage du signal.
Les pieds métalliques sont réglables. La plaque or affiche une finition de bijou, en accord avec le positionnement luxe.
Oui, c’est bien « Swiss Made ».
Comme je l’ai appris lors de mon test des Linnenberg Allegro (1 MHz) : plus la fréquence augmente, plus il est crucial de minimiser la longueur des pistes.
Chez Goldmund, cela se traduit par une carte mère compacte, malgré le volume imposant du boîtier.
Deux transformateurs d’alimentation alimentent la configuration dual mono. Quatre transistors de puissance par canal — comme sur le Job 225. Cela explique pourquoi la puissance ne double pas en 4 ohms.
Leur philosophie : utiliser le minimum de composants pour atteindre la puissance cible à la vitesse maximale.
* Deux gros condensateurs : 6 800 µF / 250 V chacun
* Carte USB basée sur XMOS avec trois horloges
* Transformateurs toriques de Taïwan (55 V et 13 V chacun)
* Sorties haut-parleur : identiques à celles — critiquables — du Job 225, à écrou plastique trop court, rendant la connexion banane peu fiable.
C’est inacceptable à ce niveau de prix, aussi bon que soit le reste.
Le Telos s’allume comme un félin en chasse : instantanément, en silence.
Il se souvient de la dernière entrée utilisée, mais pas du volume (toujours réinitialisé à 00).
Une sécurité passive, peut-être trop stricte pour des adultes prudents.
Que ce soit sur des enceintes à 84 dB (céramique) ou à 98 dB (papier), il est d’un calme absolu :
* Aucun bruit mécanique
* Aucun souffle
* Potentiomètre parfaitement équilibré
Si le 225 est rapide, impulsif, presque arrogant, le 590 est mature, posé, sûr de lui.
Le 225 veut en mettre plein la vue, le 590 préfère l’élégance de la retenue.
Sur les Zu Druid V, le 590 sublime le tweeter à compression Radian.
Sur les Albedo Aptica (tweeter céramique inversé), le son reste doux, coloré et détaillé, sans virer au froid.
Là où le Pass Labs XA-30.8 brille par sa chaleur, le Goldmund explore une autre voie, aussi convaincante, mais différente.
La clé : des transitoires lissés, moins agressifs.
Ce n’est pas une saturation tube (2e harmonique), mais une restitution hautement définie et articulée, notamment dans les aigus.
Le haut du spectre est cristallin, comme un affichage Retina face à un écran mat.
Le son est vif, coloré, mais sans distorsion ni excès.
L’absence de déphasage, la vitesse des circuits, les enceintes à phase minimale : tout cela génère une scène sonore précise, profonde, bien localisée.
Le rapport signal/bruit est exceptionnel.
Les moindres nuances sont audibles à volume modéré, sans effort.
Un son expressif, jamais neutre émotionnellement — même si le drapeau suisse suggère le contraire.
Contrairement à certains systèmes ultra-résolution mais dépourvus d’âme (suivez mon regard : Soulution/Magico), le Goldmund parle au cœur, pas au banc de mesure.
Utilisé avec :
* Zu Druid V + DAC Aqua Formula
* Audio Physic Avanti + lecteur SD Soundaware en S/PDIF
* Albedo Aptica + câbles Ocellia en argent massif
Le 590 apporte une brillance tonale inédite dans le monde des Mosfets Exicon.
Son intensité émotionnelle dépasse ses lignes épurées.
Il offre la richesse des tubes, avec la vitesse du transistor.
Il évoque :
* Bakoon DAC-21/AMP-51R
* Aqua Formula
* Wyred4Sound STP-SE II
* Linnenberg Allegro
Mais tout cela, dans un seul et même boîtier.
Un vrai gagnant.
Un objet de désir pour qui a les moyens.
Standing ovation.
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