C’est la première fois que j’ai l’opportunité de tester un appareil de chez Mola Mola. J’avoue que ce constructeur qui ose le minimalisme et la miniaturisation ne m’avait jamais vraiment interpelé. Les sollicitations dans cette industrie très fragmentée sont si nombreuses qu’il est généralement difficile de se poser pour se concentrer sur un produit ou une marque aussi discrète que Mola Mola. C’est néanmoins chose faite grâce au distributeur français de la marque, Prestige Audio Diffusion, à qui on doit l’initiative de ce banc d’essai. Et à défaut de se focaliser sur le cœur de métier historique de cette compagnie hollandaise où le brillant Bruno Putzeys a officié (à savoir l’amplification classe D), l’avantage de prendre le train en route est de pouvoir aborder la diversification de cette entreprise avec le lancement d’un nouveau DAC, particulièrement novateur. L’appareil objet de ce banc d’essai n’est d’ailleurs pas tant éloigné des autres produits de la gamme Mola Mola, mais nous aurons l’occasion d’y revenir un peu plus loin…
Comme à l’accoutumée, je vais tout d’abord m’attacher à décrire ce qui se cache derrière cette image du poisson-lune. Aucun parallèle évident entre ces mastodontes des mers australes et les boîtiers compacts des appareils conçus par Bruno Putzey. C’est plutôt du côté de la rareté et de l’aspect singulier de ce poisson à grosse tête qu’il faut aller chercher. Et comme un poisson peut parfois en cacher un autre (voire plusieurs), c’est un second spécimen exotique auquel on doit le nom de baptême du DAC Mola Mola, le Tambaqui. Le Tambaqui est une espèce de poisson d’eau douce de la famille des Serrasalmidae que l’on rencontre dans le bassin amazonien, un cousin du plus célèbre piranha. Les amplificateurs monophoniques Kaluga renvoient également à une race d’esturgeons de très grande taille. Tout dériverait en fait d’une idée soumise par un cabinet de conseil en design industriel qui avait travaillé pour l’entreprise à ses tout débuts. Autant dire que ce banc d’essai m’aura fait prendre conscience de mes connaissances très limitées en matière d’ichtyologie (science des poissons). Il ne manquait plus que de commencer à échanger avec le géniteur de ces poissons, Bruno Putzeys, pour prendre également conscience de mes lacunes en électronique… Bruno Putzeys, s’il ne fait d’ailleurs plus partie du staff technique de Mola Mola (comptant encore 7 collaborateurs), reste néanmoins impliqué en tant que consultant indépendant. Selon le représentant de la marque, Ewald Verkerk, les produits et technologies qu’il a développés pour Mola Mola constitueront encore le socle du développement de nouveaux produits pendant un bon bout de temps, sans pour autant qu’il soit mobilisé personnellement. L’héritage Putzeys est donc bel et bien présent chez le constructeur batave, et les sollicitations envers l’ancien directeur technique concerneront avant tout le développement d’idées nouvelles ou de futurs schémas.
La spécificité du Tambaqui réside dans cette gestion du bruit et des interférences inter-symbole. Garder un plancher de bruit très bas obligeait Bruno Putzeys à trouver d’autres directions que celle du simple artefact du sur-échantillonnage DSD, dont la conversion 1 bit pure produit toujours un bruit de fond dépendant du signal. Sans trahir les secrets de fabrication, et sans vouloir rendre le contenu de cet article particulièrement indigeste, la particularité du Tambaqui a été de rendre le bruit de fond totalement indépendant du contenu du signal, ce qui exclut simplement l’utilisation de conversion sigma delta à 1 bit. Parmi les différents types de distorsions de l’audio numérique, l’interférence intersymboles (ISI) est un des plus destructifs. En règle générale, les informations numériques transmises sont sous la forme d’une forme d’onde carrée représentant les 1 et les 0. Quand cette forme d’onde carrée représentant le signal digital souffre d’une petite quantité de distorsions par cause d’une asymétrie entre les temps de montée et de décroissance, ceci ne gênera pas un récepteur digital tant que les 1 et 0 restent discernables. En revanche, dans le cas d’un convertisseur N/A, le récepteur n’est pas numérique et ne fait aucune interprétation des données encodées. Ici, le récepteur est un filtre strictement analogique qui marque simplement le voltage moyen de l’onde carrée. De ce fait, la moindre interférence inter-symboles se manifestera directement en une forme de distorsion ou d’autres bruits parasites qui s’ajouteront au signal de sortie analogique. En utilisant un format PWM simple, Putzeys affirme pouvoir réunir tous les avantages d’un vrai format multi-bit (c’est-à-dire sans aucun problème de correspondance) et ceux du multi-bit (bruit beaucoup plus faible), conduisant à une totale absence d’ISI. Un cycle PWM (3,125 MHz) dans le Tambaqui offre 33 longueurs d’impulsion possibles, dont le Tambaqui en utilise 25. Cela signifie qu’il travaille sur une résolution d’environ 5 bits, garantissant ainsi que les transitoires montantes et descendantes sont complètement neutralisées avant qu’une autre ne survienne. Un bord se répète ainsi à des intervalles parfaitement constants, l’autre bord étant modulé par le signal. La particularité de cet agencement réside dans le fait que toute différence de temps de montée / descente ne peut provoquer un impact que sur le courant, sans aucune interférence sur le signal audionumérique lui-même. C’est la raison pour laquelle Bruno Putzeys affirme que son DAC est sans doute le seul à pouvoir garantir l’absence de toute interférence inter-symboles… A l’instar des sociétés particulièrement avancées dans le domaine de l’audio numérique comme DCS ou Chord, Mola Mola a mis au point son propre DSP pour gérer la conversion N/A. Cela en fait un appareil bien plus difficile à concevoir que la grande majorité de DACs embarquant des puces prêtes à l’emploi. Le convertisseur de Mola Mola est constitué de deux cartes empilées. Par l’intermédiaire de la première, le signal numérique entrant est sur-échantillonné dans un format PCM de fréquence 3,125 MHz, et converti en un signal PWM en forme de bruit, qui est transmis ensuite aux convertisseurs numériques monophoniques mono FIR sur la deuxième carte. Leurs étages de sortie discrets avec filtrage de quatrième ordre transforment le flux PWM en signal analogique avec un impressionnant rapport signal sur bruit de 130 dB. C’est presque la limite théorique pour les fichiers 24 bits, et bien au-delà de celle d’un fichier DSD 512. De manière unique, la distorsion reste inférieure au bruit de fond même pour les signaux à pleine échelle. Le convertisseur de fréquence d’échantillonnage asynchrone fonctionne en fait en sur-échantillonnant 4 fois toutes les données PCM entrantes, puis en appliquant un polynôme de sixième ordre sur la forme d’onde résultante. Cela donne une représentation pratiquement échantillonnée à l’infini (c’est-à-dire un signal temporel continu) qui est ensuite ré-échantillonnée au débit de sortie. Le DSD est filtré en passe-bas avant d’être interpôlé, comme on le ferait dans tout procédé conventionnel de suréchantillonnage. La phase de rééchantillonnage est confiée à un algorithme propriétaire. Le schéma autorise une vraie sortie symétrique qui n’est pas doublée par une paire de fiches RCA. Les possesseurs de préamplificateurs ou amplificateurs dépourvus d’entrées symétriques devront donc soit faire une croix sur cet appareil, soit opter pour un adaptateur XLR / RCA, ce qui n’est peut-être pas optimal compte tenu de la teneur de l’investissement demandé. Le Tambaqui est ainsi un DAC très exclusif, sans doute un peu trop si on prend en compte le choix unique de Roon pour la partie réseau et la seule sortie XLR…
Le choix d’utiliser exclusivement Roon pour la partie réseau s’explique par un choix pratique, celui de pouvoir conserver le code en interne. Compte tenu du traitement numérique et entrée, la greffe d’une solution OEM, c’est-à-dire d’une carte réseau identique à celle de bon nombre de produits concurrents, aurait nécessité l’intervention de prestataires externes, ce que ne souhaitait pas faire Mola Mola. L’équipe de développement s’est donc focalisée sur la plateforme qui semblait la plus populaire et performante, celle de Roon… Cette limitation devrait donc perdurer sauf si une demande substantielle devait émaner du public pour une entrée réseau DLNA / UPnP plus universelle (personnellement je vote pour). Le format compact de l’appareil n’est en revanche aucunement limitatif du nombre d’entrées numériques puisque le Tambaqui propose pas moins de 7 entrées numériques : Ethernet, USB type B asynchrone, AES-EBU, SPDIF, Toslink, I2S sur HDMI et Bluetooth (A2DP, APTX)! Seules les entrées USB et Ethernet permettent l’exploitation des formats DSD natifs et DoP. Il semble en revanche que le DSD natif ne soit pas supporté par le driver USB Windows. Les fichiers PCM acceptés par le Tambaqui vont jusqu’à une résolution maximale de 384 kHz / 32 bits. Les entrées autres que l’USB et l’Ethernet sont néanmoins limitées à 192 kHz et 24 bits. Les fichiers DoP et DSD natif convertis par le DAC Mola Mola vont jusqu’à la résolution maximale du DSD 512. Le format MQA n’est pas pris en charge. En revanche, le DAC Mola Mola est certifié Roon Ready. Côté mesures, les taux de distorsion harmonique et d’intermodulation sont donnés comme étant non mesurables (au-delà des -140 dB). La bande passante s’étend jusqu’à 80 kHz. Le jitter serait inférieur à 1ps à partir de 10Hz, et à 30ofs à partir de 1kHz.
Le format compact du Tambaqui et son poids plume (5 kg) en font un appareil également compatible avec les écoutes au casque. A ce titre, il propose à l’arrière deux sorties casque : jack 6,3 mm, et XLR symétrique 4 broches. La sortie casque utilise une implémentation d’amplificateur IC assez simple avec la seule particularité que le filtre RFI à la sortie est placé à l’intérieur de la boucle de contre-réaction. Cela rend le comportement du circuit beaucoup plus versatile vis-à-vis des types d’écouteurs et des câbles. Enfin, le Tambaqui permet d’opter pour chaque entrée entre une sortie variable ou directe. La sortie directe revient tout simplement à verrouiller le volume en position 0 dB. Ce réglage doit être activé directement depuis l’application pour smartphone ou tablette de Mola Mola. Mais on peut très bien choisir de rester sur la sortie variable en réglant le volume sur 0 dB via l’application ou la télécommande, ce qui donnera le même résultat. Mola Mola propose une télécommande optionnelle un peu plus cossue et versatile que celle livrée en standard. La télécommande Apple incluse d’office avec le DAC permet néanmoins de pourvoir à l’essentiel : régler le volume et sélectionner la source. Ces fonctions sont également disponibles sur l’application iOS/Android de Mola Mola qui permet de contrôler l’appareil et paramétrer les entrées, ainsi que d’afficher le format de fichier utilisé.
J’ai peu testé le Tambaqui sur son entrée Ethernet, du fait de sa non compatibilité avec UPnP, et n’étant pas particulièrement un aficionado de Roon. Je trouve cela d’ailleurs vraiment limitatif, puisqu’il faut donc, pour goûter aux joies de la lecture réseau, acquérir une licence Roon et disposer d’un NAS suffisamment costaud pour faire tourner efficacement la couche serveur Roon. Ne voulant pas surcharger inutilement mon NAS, j’ai donc été contraint d’emprunter un NUC et d’installer Roon. Bref, un maillon supplémentaire dans la chaîne dédiée à l’audio numérique… J’y reviendrai plus loin dans cet article. J’ai ainsi principalement testé le Tambaqui sur ses entrées USB et SPDIF. Le Tambaqui est néanmoins un des meilleurs DACs que j’ai pu héberger dans ma pièce d’écoute. Il est en fait tout simplement différent. Il échappe à tous les stéréotypes ou signatures sonores qu’on peut retrouver dans la grande majorité des DACs traditionnels. Il n’a ni la sonorité caractéristique d’une puce AKM, BB ou Sabre, ni celle des erreurs de linéarité d’un montage R2R manquant un peu de dynamique et typée “douceur vintage”, comme s’il fallait de vieilles enceintes haut rendement, ou bien des haut-parleurs large bande à fort niveau de distorsion, pour en apprécier les qualités. Il n’a pas non plus la coquetterie un peu systématique des DACs embarquant une ou plusieurs triodes dans leur étage de sortie. Non, ce que propose le Tambaqui semble n’appartenir qu’à lui… La première impression, à peine branché, est celle d’une inhabituelle neutralité. Et puis on finit par se rendre compte qu’il a quand même une identité, sinon une signature sonore. Quel appareil pourrait de toute façon en être complètement dépourvu? Il n’y a aucune dureté dans le résultat servi par le DAC Mola Mola. Il y a une sorte de douceur systématique, qui ne se traduit cependant pas par un manque de dynamique, ni par une tenue du grave approximative ou une atténuation des aigus. La douceur du Tambaqui ne confine en rien vers la rondeur, mais tout simplement vers un niveau de distorsion proche du zéro absolu. En fait, sa sonorité me rappelle un peu celle du vénérable Luxman DA-07, dans un format bien plus compact, et ce avec une bien meilleure résolution et une dynamique accrue. C’est assez flagrant lorsqu’on repasse sur un DAC sigma delta, en retrouvant alors une sensation générale de son plus projeté, et qui pourrait dans certains cas se révéler plus entraînant et vivant, même si cela est un peu artificiel. Mais quand on revient au Tambaqui, c’est vraiment l’impression d’une plus grande précision de l’image stéréo et des timbres qui vous submerge, d’un nouveau cap franchi en termes de naturel. Et le côté un peu “rentre-dedans” des puces sigma delta vous paraît presque vulgaire… Pas facile de dépeindre la personnalité de cet appareil en quelques mots, mais il ne laissera sans doute personne indifférent! Le Tambaqui révèle également un niveau de clarté exceptionnel. Sans doute pas à associer avec un amplificateur qui serait trop éthéré, ce qui pourrait le faire apparaître comme trop analytique ou clinique, la résolution du Tambaqui est celle d’un très grand DAC. Il me semble qu’on se trouve dans le sillage d’appareils bien plus chers, à l’instar du DA2 de EMM Labs ou du gros modèle de chez APL, même si je pense honnêtement que le Tambaqui pourrait bien les surclasser. Il va à mon sens plus loin que les gros modèles de chez Totaldac, plus loin que le B.dac de B.audio, pour un prix certes élevé, mais sensiblement plus bas que ses concurrents, d’autant plus que, pour le prix demandé, il propose une fonctionnalité réseau, certes cantonnée exclusivement à l’utilisation de Roon, non disponible chez les autres. C’est du côté de la restitution des impacts et des attaques de notes où on pourrait espérer un rendu plus incisif. Il m’est difficile de me prononcer sur ce critère précis mais un Audiomat Maestro 3 ou un B.audio apparaîtront plus vivants. La restitution du Tambaqui est toujours un peu lissée, sans aucune aspérité apparente. On se plairait parfois à écouter un son un peu plus sale, un peu plus rugueux. Ce n’est clairement pas le domaine de prédilection du DAC Mola Mola qui tend à sublimer chaque signal numérique qu’il convertit. Cette tendance à magnifier chaque enregistrement m’a semblé si prononcée que j’ai eu beaucoup de mal à distinguer une vraie suprématie des fichiers DSD ou PCM haute résolution par rapport au format CD 16 bit 44,1 kHz… Tout semble comme tiré vers le haut du point de vue de la qualité perçue. C’est assez incroyable. Preuve à mes oreilles que ce DAC représente un vrai saut qualitatif par rapport à ce que j’ai l’habitude d’utiliser, j’ai vraiment parcouru ma discothèque en essayant de trouver un album qui sonnerait moins bien par rapport à mes écoutes passées. Mais je n’y suis sincèrement pas arrivé. Outre les différences de format, on a vraiment l’impression que la seule limite est la prise de son, le reste n’ayant pas d’incidence particulière, ou du moins très peu. Cela explique que je me suis résolu à ne pas commenter quelques extraits musicaux bien précis, car je pense honnêtement que ce qu’apporte ce DAC va au-delà de simples différences de ressenti d’un extrait musical à l’autre. Plus que cela, le Tambaqui introduit un tel niveau de clarté, de résolution et de spatialisation, qu’il arrive à accroître de façon quasi systématique le plaisir qu’on prend à l’écoute de n’importe quel enregistrement, du moment que la prise de son et l’intérêt artistique sont bel et bien présents. Même sur des enregistrements pop mêlant voix et instruments électriques, comme celui de la jeune et talentueuse chanteuse polonaise Martina M, le Tambaqui par sa précision, sa nature particulièrement douce et fluide, permet de mettre en lumière toutes les plus infimes nuances de la voix ainsi que la richesse de la post production et de l’ambiance électro, sans pour autant que le résultat paraisse chirurgical.
Pour un testeur invétéré, la transparence de cet appareil est également une bénédiction. En effet, chaque câble de modulation que j’ai pu utiliser a apporté son lot de changements significatifs, à un point que je n’aurais pas soupçonné. Ainsi, je me suis aperçu que le ZenWave Audio D4 (alliage or – argent) était responsable de ce côté un peu moins incisif du DAC Mola Mola. En le remplaçant par une paire de Grimm Audio TPM, j’ai retrouvé la rapidité dans les attaques de notes, ainsi qu’un petit surcroît de présence. En les substituant par les câbles Statement de Coincident Speaker Technology, j’ai été confronté à une forme d’apaisement un peu trop marquée, comme si le flot des notes s’était ralenti… Bref, pas si évident de trouver le partenaire idéal. Enfin si, le Grimm TPM semble un partenaire idéal : c’est amusant de faire référence à une société où a aussi œuvré l’ami Bruno Putzeys… Le Tambaqui bénéficie également d’un contrôle de volume plutôt bien conçu. On n’a pas l’impression de perdre en qualité par rapport à une utilisation en sortie fixe via l’ajout d’un préamplificateur. Sa sortie fixe permet néanmoins de l’utiliser avec un amplificateur intégré, comme celui d’Extraudio que j’avais en prêt au même moment. L’Extraudio est déjà un appareil faisant preuve d’une grande clarté, ce qui n’est certes pas très surprenant pour cet appareil hybride avec étage d’entrée triode et étage de sortie classe D. L’association entre les deux appareils fonctionne, mais apporte énormément de lisibilité dans la partie haute du spectre sonore, ce qui pourra plaire ou déplaire. En revanche, l’association tonale avec les blocs Luxman, épaulés ou non par le préamplificateur Coincident Speaker Technology Statement Line Stage, m’a semblé plus équilibrée d’un point de vue tonal. Allez, je peux même m’autoriser à dire que cette association est sans doute la meilleure de toutes celles que j’ai pu écouter chez moi. Le préamplificateur m’a semblé amener un léger mieux sur la sortie directe du Tambaqui, bien que la sortie variable sur les blocs de puissance soit déjà très agréable.
J’ai pu tester la sortie casque au format jack du Tambaqui avec mon fidèle AKG K701. Bien qu’on puisse considérer cette fonctionnalité comme un gadget sur un convertisseur N/A dans cette gamme de prix, je persiste à penser qu’elle est tout à fait valable d’un point de vue qualitatif en ce qui concerne le DAC Mola Mola. Certes, il y a un peu moins d’énergie que sur mon amplificateur Lake People G100, mais le Tambaqui délivre suffisamment de courant pour exploiter au mieux l’AKG. Il recrée une scène sonore tridimensionnelle assez bluffante pour une écoute au casque, ainsi qu’un niveau de grave très convaincant. Passant en liaison symétrique XLR avec un casque plus haut de gamme (HiFiMan HE1000se), le DAC Mola Mola nous amène vers une restitution très claire et franche, que je préfère en ce qui me concerne au résultat généralement ressenti avec des amplifications à tube dédiées, surtout sur ce type de casque, et même si un surcroît d’énergie pourrait amener l’appareil vers des niveaux de performance encore plus élevés. Il faut dire que le HE1000se est plutôt simple à alimenter et ne pose donc pas de gros problème pour une sortie casque bien conçue. Néanmoins, le résultat est bien là. Bien qu’ayant moins de repères qu’avec les enceintes, je pense que le Tambaqui peut très bien faire fonction d’appareil polyvalent pour tout amateur d’écoute au casque, sans nécessiter forcément l’ajout d’un amplificateur additionnel. Ou alors, il faut viser des appareils d’un certain niveau de prix, apportant souvent hélas leur lot de colorations… Mais au-delà des qualités indéniables des sorties casques du Tambaqui, et ayant lu quelques avis éclairés sur le net à propos de ce convertisseur, faits essentiellement à partir d’écoutes au casque, je pense que celles-ci ne peuvent pas révéler l’incroyable potentiel de cet appareil en matière de clarté et de définition. Sur un très gros système, on prend vraiment conscience des capacités de cet appareil, alors qu’il pourrait très bien passer pour un bon appareil, mais guère plus qu’un autre, en se limitant à sa fonctionnalité d’ampli casque. En repassant sur mes Vivid G1 Spirit, je me suis rendu compte que l’extrait que j’écoutais sur le casque HiFiMan prenait tout de suite une autre dimension, avec des contrastes, une dynamique, et une densité bien supérieurs. Ce n’est guère étonnant me direz-vous en comparaison de ce qu’on peut tirer d’un casque planar magnetic, mais ce qui est surprenant est d’avoir la sensation d’obtenir encore plus d’information, de détails avec les enceintes acoustiques. Cela illustre parfaitement le fait que ce Tambaqui est capable de tenir son rôle au sein des systèmes les plus ambitieux, et que le rapport qualité-prix de ce boîtier compact – surtout lorsqu’on prend en considération les fonctions additionnelles d’amplificateur casque et de lecteur réseau – est particulièrement attractif, et ce malgré une étiquette à 5 chiffres.
Pour donner un bref aperçu de la fonction réseau du Tambaqui, la reconnaissance du serveur Roon et des bibliothèques audio se fait très facilement. Par rapport à l’utilisation du transport Lumin X1 sur l’entrée USB du DAC hollandais, on perd un peu de transparence. Néanmoins, cette légère perte est plus le fait du choix du logiciel (Roon) que celui de la qualité de l’entrée Ethernet en elle-même. Preuve en est que le Lumin X1 donne des résultats très similaires à l’entrée RJ45 du Tambaqui en utilisant le serveur Roon plutôt que MinimServer en mode UPnP. Si cette légère tendance à l’embonpoint dans le bas médium relève presque davantage d’un choix esthétique que technique à l’écoute de fichiers PCM, la différence m’a paru plus nette avec des fichiers DSD ou PCM haute résolution. Cet écart me pousse en tout cas à privilégier mon transport UPnP malgré que cela vienne ajouter un maillon supplémentaire au système.
Le Tambaqui de Mola Mola est simplement le meilleur DAC qu’il m’a été donné de tester jusqu’à présent. C’est un objet exclusif, et qui ne ressemble à aucun autre, ce qui en soi est un vrai tour de force au regard du nombre impressionnant d’appareils saturant le marché de la conversion numérique vers analogique aujourd’hui. Une capacité d’analyse poussée dans ses derniers retranchements, conjuguée à une douceur et un légato hors du commun, et dont on pensait être l’apanage d’appareils bien plus colorés… C’est pourtant un des DACs les plus neutres que j’ai pu écouter, et sa capacité à distiller l’émotion à l’écoute de la musique est quasiment hors norme. Le talon d’Achille des appareils très transparents comme celui-ci est leur sensibilité aigüe aux qualités mais aussi aux défauts des autres maillons de la chaîne hi-fi. Ne comptez donc pas sur le Tambaqui pour compenser les faiblesses des autres composants de votre système. Il fait déjà beaucoup pour endiguer les artefacts du monde numérique. Comme vous pourrez peut-être vous en douter à la lecture de ces pages, j’ai totalement craqué pour le Tambaqui et ai donc acheté un modèle flambant neuf à la suite de ce test. L’attribution d’un “Grand Frisson” est donc de mise pour ce convertisseur qui ne ressemble à aucun autre, et qui ne craint guère la concurrence de modèles qui sont parfois bien plus onéreux. Un énorme coup de cœur ! JC
Copyright 2021|2025 - Tous droits réservés