Il me semble que certains audiophiles trouveront que le nouveau Playback Designs MPD‑8 Dream DAC (22 000 $ US) porte un nom un peu prétentieux pour un produit neuf. Mais ceux d’entre nous qui connaissent bien le travail d’Andreas Koch et de Playback Designs ne jugeront pas que le terme “Dream DAC” soit aussi exagéré qu’il y paraît.
Avec le lancement de la série Sonoma en 2016, Andreas Koch, PDG, ingénieur et fondateur de Playback Designs, accompagné de son ingénieur associé Bert Gerlach, a dévoilé une gamme ambitieuse de nouveaux produits. Parmi eux, le Merlot DAC, que j’ai eu la chance d’écouter pendant deux mois peu après sa sortie. À 6 500 $, il m’a semblé particulièrement réussi, surtout lorsqu’il était associé au serveur Syrah de la marque. Bien que j’aie déjà entendu plusieurs DAC Playback Designs depuis leurs débuts en 2008, le Merlot m’avait impressionné par son fonctionnement et ses qualités sonores, au point que je me suis demandé ce que donnerait un DAC haut de gamme, conçu sans compromis par Koch et Gerlach.
Andreas Koch possède un parcours d’ingénieur très riche. En 1982, il rejoint Studer ReVox en Suisse, où il crée le tout premier convertisseur d’échantillonnage audio numérique entièrement asynchrone. En 1985, il conçoit le traitement numérique pour les encodeurs Dolby Labs AC‑1 et AC‑3. En 1987, il revient chez Studer ReVox pour développer un magnétophone audio numérique 48 pistes, ainsi que l’enregistreur disque dur Dyaxis. Mais c’est en 1997 avec Sonoma, le premier système DSD 8 canaux chez Sony, qu’il acquiert une expertise DSD approfondie, qu’il mettra à profit chez EMM Labs en 2003, puis en fondant Playback Designs en 2007.
Playback Designs n’a jamais utilisé de puces standard : dès le MPS‑5 SACD/DAC en 2008 jusqu’aux modèles récents, Koch conçoit ses propres FPGA et algorithmes propriétaires. Ces FPGA sont facilement mis à jour par l’utilisateur. Bert Gerlach, qui a conçu les circuits analogiques pour le MPD‑8, a également dressé les schémas pour les circuits numériques et analogiques.
Le MPD‑8, imposant (19 kg), présente un boîtier en aluminium brossé gris foncé, évoquant le défunt MPD‑3. La façade comporte deux écrans LED : un pour le volume, un pour l’entrée et format PCM/DSD – utilisés également comme affichage du menu. Quatre boutons en haut à droite permettent les fonctions : sourdine, sélection d’entrées, marche/veille. Un interrupteur général se trouve à l’arrière.
Le DAC est accompagné d’une télécommande robuste, en aluminium, permettant de régler le volume, d’accéder aux réglages, et même d’inverser la phase des sorties analogiques.
Le MPD‑8 propose des entrées multiples :
– USB asynchrone supportant PCM jusqu’à 384 kHz et DSD jusqu’à 11,2 MHz,
– AES/EBU compatible PCM 24‑bit/192 kHz et DSD en DoP,
– Coaxial S/PDIF,
– TOSLINK optical (jusqu’à 96 kHz),
– deux entrées PLINK optiques propriétaires pour le transport MPT‑8 ou d’autres accessoires, supportant PCM 384 kHz/DSD 11,2 MHz.
Une prise Ethernet permet le contrôle via tablette iOS/Android (bientôt disponible), ainsi qu’un bouton Reset pour les mises à jour.
Le DAC est équipé de trois alimentations régulées et de trois transformateurs. La section analogique adopte une conception double-différentielle, avec sorties symétriques et asymétriques, chaque canal (gauche/droite) sur une carte séparée avec alimentation dédiée.
Le contrôle de volume, analogique mais commandé numériquement, peut être bypassé via cinq réglages fixes de gain (-6 dB, -3 dB, 0 dB, +3 dB, +6 dB).
Comment le Dream DAC diffère-t-il du MPD‑5 ?
« Le Dream DAC repose sur une séparation stricte : analogique vs numérique, gauche vs droite, alimentations, horloge vs entrées. Chaque canal possède une carte PCB dédiée, alimentation propre, plan de masse indépendant, régulations multiples et FPGA séparés. Chaque voie analogique est en double différentiel, soit huit circuits identiques pour la stéréo. Le noyau DAC fonctionne quatre fois plus vite que celui du MPD‑5, offrant ainsi une meilleure résolution et un meilleur rapport signal/bruit. »
Comment sont traités les fichiers ? « Tous les signaux numériques (y compris DSD64) sont convertis en DSD128 via algorithmes propriétaires incluant filtres apodisés. Le DSD256 est traité séparément. Avant conversion analogique, nous utilisons un algorithme inédit transformant les données en format 2048 bits (16× DSD128). »
Pourquoi privilégier le DSD ? « Le DSD, étant un signal mono-bit, évite les distorsions non linéaires des convertisseurs multi-bit. Les contraintes se trouvent du côté numérique, contrôlable avec précision. Juste avant conversion, le signal est presque analogique, ce qui rend la conversion triviale sans éléments exotiques. Une stabilité et cohérence accrues. C’est la raison même de l’apparition du SACD il y a 20 ans. »
La lecture a été assurée depuis Roon Server installé sur un ASUS G701VI (Windows 10 + AudiophileOptimizer), relié sur un conditionneur secteur Shunyata Hydra DPC‑6 v2. Le DAC reposait sur une base Synergistic Research Tranquility UEF, alimenté par Shunyata Triton v3 + câble Sigma NR.
Pour optimiser l’USB, j’ai utilisé le streamer Sonore Signature Rendu SE (USB propre avec support DSD256), puis un SOtM tx-USBultra avec alimentation linéaire sPS‑500, câblage AudioQuest Diamond ou Wireworld Platinum Starlight.
L’enchaînement optimal fut : ASUS → Rendu SE → tx‑USBultra → MPD‑8. Une chaîne Hi‑Fi exigeante mais très cohérente – simplifiable avec peu de perte sur la qualité finale. On peut aussi utiliser l’option USB‑XIII via PLINK optique pour une isolation galvanique totale avec amélioration audible.
Connecté directement aux blocs mono Ayre MX‑R Twenty, le contrôle de volume analogique piloté numériquement n’altère pas la restitution. Comparé au préampli Ayre KX‑R Twenty, la différence est perceptible mais subtile – le MPD‑8 se suffit à lui‑même.
Après 500 heures de rodage :
Scène sonore : la plus large que j’aie jamais entendue via un DAC, sans effet de trou central. Largeur, profondeur et hauteur acoustique parfaites, avec un rendu holographique digne d’un tube, grâce à une transparence remarquable et la restitution des détails subtils.
Dynamique : remarquable, sans compression. L’enregistrement DXD “Ja, vi elsker” (2L) mêlant chœur et fanfare est rendu sans flou, dans un silence de fond total.
Nuances / micro‑dynamique : l’enregistrement DSD256 des Quatre Saisons met en valeur la finesse du violon de Rachel Podger et la richesse harmonique d’un ensemble à cordes, tout en maintenant un rendu fluide et musical.
Graves : les plus maîtrisés et neutres que j’aie entendus, avec poids, profondeur et impact, notamment sur les titres Fourplay (*Let’s Touch the Sky*, *Between the Sheets*).
Voix & instruments acoustiques : l’album 24/96 *Folk Songs* du Kronos Quartet + chanteuses restitue des voix frontales, naturelles, sans coloration, avec texture et expressivité intactes.
Le MPD‑8 gère PCM jusqu’à 384 kHz, DSD256 (natif via pilote ASIO sous Windows, DoP max DSD128 sur macOS). Il améliore considérablement les fichiers CD 16/44, en Double DSD, révélant nouveaux détails, scène sonore, et dynamique.
Les fichiers HD DSD de Blue Coast Music (DSD128/256) passent brillamment. L’album *From Way Up Here* (DSD256 live + overdubs analogiques, mixé analogique puis repassé en DSD256) offre une restitution vibrante, naturelle, très immersive. Une écoute sans fatigue, engageante.
Le MPD‑8 Dream DAC est l’un des DACs les plus marquants que j’aie entendu en six ans de tests, capable d’une écoute prolongée sans fatigue, d’une transparence hors norme, et d’un rendu musical émouvant. Il mérite pleinement le titre de “Dream DAC”, devenant une nouvelle référence numérique pour l’auteur.
Le DAC Playback Designs MPD-8 démontre une fois de plus ses qualités et prend la place de “nouvelle source de référence” pour l’auteur de l’article qui souligne la transparence, l’absence de fatigue et un rendu émouvant. Nous ne pourrions pas dire bien mieux chez 1877.audio à part peut-être que le MPD-8 fait partie des appareils qui ne sont pas justes excellents mais qui ont une petite chose en plus : le génie.
Copyright 2021|2025 - Tous droits réservés