Cette revue se concentre sur le MPD-8 Dream DAC, utilisé avec différentes sources numériques, parmi lesquelles figure le transport MPT-8 équipé de l’option Stream-X2 et de la liaison PLINK.
Pour des informations détaillées sur les fondateurs Andreas Koch et Bert Vogt, l’origine de Playback Designs et la philosophie de conception Edelweiss, veuillez vous référer à mon test précédent du Playback Designs MPS-X.
L’architecture entièrement nouvelle du MPD-8 est le fruit de plusieurs générations de prototypes développés sur deux ans. Elle bénéficie de décennies d’expertise accumulée par Andreas Koch et Bert Vogt dans les domaines des algorithmes numériques, de la conversion analogique et de la conception de circuits. Le résultat est une plateforme sans compromis, à la fois flexible, évolutive et conçue pour délivrer des performances ultimes tout en restant adaptable aux évolutions technologiques futures.
Évolutivité
Les produits Playback Designs sont réputés pour leur architecture évolutive. Le lecteur SACD MPS-5, par exemple, a bénéficié de 20 mises à jour logicielles gratuites et d’une mise à jour matérielle en dix ans. La Dream Series suit cette même philosophie : les mises à jour logicielles apportant des améliorations ou de nouvelles fonctionnalités peuvent être installées par l’utilisateur, sans frais.
Description du MPD-8
Le MPD-8 (et sa variante MPD-8AI avec entrées analogiques) représente le sommet de la gamme Playback Designs. Son architecture est spécifiquement conçue pour éliminer toute interférence susceptible de nuire à la performance analogique. Les canaux gauche et droit sont montés sur des cartes séparées, chacune alimentée par une alimentation indépendante. L’horloge audio est générée par un circuit propriétaire afin d’éliminer tout jitter corrélé.
Tous les signaux numériques entrants sont filtrés, nettoyés et traités par les algorithmes maison pour éviter toute influence néfaste sur la conversion. Le générateur d’horloge est également protégé des perturbations externes.
Le cœur du DAC repose sur une architecture discrète, avec algorithmes numériques propriétaires. Les sorties analogiques peuvent être réglées sur -6 dB, -3 dB, 0 dB, +3 dB, +6 dB, ou configurées en volume variable via un contrôle analogique de haute précision.
Par rapport au MPD-6 de la série Edelweiss (testé en 2023), le MPD-8 intègre trois alimentations analogiques régulées avec transformateurs toroïdaux indépendants, une alimentation dédiée pour l’écran, une horloge unique pour l’ensemble des circuits (processeur de contrôle, traitement du signal, entrées numériques, affichage), un blindage mécanique étendu incluant du Mu-metal, ainsi qu’une structure doublement différentielle discrète (deux circuits totalement indépendants par canal).
Les DACs Dream Series conservent les algorithmes de traitement numérique qui ont fait la réputation de Playback Designs. Des filtres temporels et fréquentiels travaillent en synergie pour optimiser la restitution des transitoires, omniprésents dans les signaux musicaux.
Tout le circuit numérique repose sur des composants discrets, sans aucune puce standard du marché, avec une séparation stricte entre les sections sensibles et les circuits à potentiel de perturbation.
Le module de sortie analogique utilise des composants de tout premier ordre : résistances à film métallique à 0,1 % de tolérance, condensateurs à film, convertisseurs d’impédance ultra silencieux. La structure doublement différentielle signifie que chaque canal est construit à partir de quatre signaux numériques totalement symétriques, générés par un FPGA dédié exclusivement à la section analogique. Le transfert de données vers ce FPGA se fait de manière différentielle, sans connexion galvanique à la masse.
La Dream Series intègre également un contrôle de volume analogique différentiel, fruit de nombreuses années de perfectionnement.
Les photos internes du MPD-8 démontrent clairement qu’il ne s’agit pas simplement d’un MPD-6 dans un nouveau boîtier : toute l’architecture est différente, occupant l’intégralité de l’espace disponible. De ce fait, il n’a pas été possible d’intégrer le module Stream-X2, qui reste disponible sur d’autres produits comme le MPT-8.
Connectivité et gestion des entrées
Le MPD-8 dispose de nombreuses entrées numériques, ce qui lui permet de fonctionner de manière autonome avec toute source numérique. Les entrées non utilisées peuvent être désactivées par l’utilisateur afin de prévenir toute influence potentielle de flux de données asynchrones. Non sélectionnées, elles sont automatiquement coupées en interne.
Entrées analogiques en option
Le MPD-8 existe également en version MPD-8AI, avec deux entrées analogiques (une symétrique et une asymétrique) permettant un usage comme préamplificateur analogique complet. Attention : il n’est pas possible de transformer un MPD-8 en MPD-8AI, car les châssis sont structurellement différents.
Le MPD-8AI est ainsi conçu pour simplifier l’installation : on peut y connecter toutes ses sources analogiques, et l’appareil assure le contrôle de volume sur l’ensemble du système. Il se connecte directement à l’amplificateur de puissance, sans besoin de préampli externe.
Étage de sortie analogique mis à jour
Récemment, l’étage de sortie analogique des MPD-8 et MPD-8AI a été amélioré par l’ajout de nouveaux composants soigneusement sélectionnés. Le design reste identique, mais selon le constructeur :
« Les performances globales ont été audiblement améliorées. À volume élevé, le rendu est plus propre, les dynamiques plus percutantes, et la scène sonore semble encore plus vivante qu’avec le MPD-8 original. »
En bref, si vous appréciez déjà la version initiale, vous aimerez encore davantage la version actualisée. Tous les MPD-8 ou MPD-8AI livrés depuis septembre 2024 bénéficient de cette nouvelle version. Le modèle de démonstration utilisé dans le test n’en était pas encore équipé, en raison de la forte demande presse.
Le MPD-8 peut être utilisé avec un large éventail de sources numériques grâce à ses entrées coaxiale, optique Toslink S/PDIF, AES/EBU et USB. Il est également équipé de deux entrées optiques PLINK.
Pour les utilisateurs souhaitant isoler la source USB du DAC, ajouter une fonctionnalité de streaming et profiter d’une sortie PLINK, l’ajout d’un MPS-X est une solution haut de gamme. Une alternative plus compacte et économique existe sous la forme de l’interface USB X4, qui permet d’ajouter une sortie PLINK à n’importe quelle source USB, pour tirer pleinement parti des entrées PLINK du MPD-8.
À propos de PLINK
PLINK est une version optimisée de l’interface ST Glass Optical, spécifiquement adaptée par Playback Designs pour transporter le signal musical avec la plus grande fidélité, tout en supportant nativement tous les taux d’échantillonnage PCM et DSD.
Contrairement au Toslink (basé sur LED), le PLINK utilise une interface optique Laser ST à faible jitter, identique à celle utilisée dans les liaisons de communication très haut débit, où la stabilité du signal est primordiale. Le protocole employé reste à bande passante réduite, bien en-deçà des capacités physiques du médium, ce qui renforce sa robustesse face au jitter et permet des longueurs de câble allant jusqu’à 300 mètres. Les câbles PLINK doivent être multimode 62,5/125 µm.
La première version de PLINK, dite Classic, date de plus de 15 ans et supportait le DSD jusqu’à 5,6 MHz. Elle équipe les produits de la série 5 de Playback Designs et l’ampli intégré IPS-3 (sauf s’il a été mis à jour). Avec l’évolution technologique, le support DSD a été étendu à 11,2 MHz, et une nouvelle version appelée Sonoma a vu le jour, en clin d’œil à la célèbre station de travail audio du même nom.
Fait notable : PLINK est compatible avec NAGRA LINK, ce qui rend les transports MPS-X et MPT-8 compatibles avec les DACs NAGRA disposant d’une entrée NAGRA Link – une remarque d’autant plus pertinente que NAGRA ne propose actuellement aucun transport CD/SACD.
Aperçu du MPT-8
Le MPT-8 est avant tout un transport CD/SACD (avec sortie DSD native via PLINK). Mais il a également été conçu comme plateforme idéale pour l’option Stream-X2, en faisant un transport universel.
L’option Stream-X2 permet à de nombreux produits Playback Designs d’accéder à un streaming réseau de très haute qualité via RJ45, que ce soit depuis une bibliothèque locale ou des services cloud (Tidal, Qobuz, Deezer, vTuner, NAS, Roon). Toute application compatible DLNA/UPnP fonctionnera avec cette option, mais les meilleures restent JPLAY (iPad) et Bubble UPnP (Android).
Cette option est également disponible pour :
Le MPS-8 (lecteur/DAC CD/SACD de la série Dream),
Le MPD-6 (DAC Edelweiss),
Et le MPS-6 (lecteur/DAC CD/SACD Edelweiss).
À noter : le MPS-X est en réalité une version autonome du module Stream-X2, intégré dans un boîtier Edelweiss avec interface PLINK.
Contrairement au MPD-8, qui fonctionne avec une horloge unique, le MPT-8 permet l’utilisation de plusieurs générateurs d’horloge. Il intègre des fonctions avancées de mise en mémoire tampon, reclocking, filtrage et nettoyage des signaux numériques afin de prévenir toute intermodulation nuisible à la conversion.
Enfin, les données numériques sont encodées dans leur format natif et transmises en optique via PLINK, prêtes à être converties en analogique par le MPD-8.
Synergie MPT-8 + MPD-8
Le MPT-8 est le partenaire naturel du MPD-8 DAC, et leur utilisation conjointe est non seulement logique mais optimisée. Cela dit, le MPD-8 fonctionne tout aussi remarquablement avec d’autres sources numériques, y compris un transport CD tiers, trois serveurs audio distincts et une interface réseau. L’évaluation complète intègre ainsi un large panel de scénarios d’utilisation.
Les essais ont été réalisés dans un système de référence composé du DAC CH Precision C1.2, du préamplificateur CH L1, de l’amplificateur CH A1.5, et des enceintes Magico S1 MkII. Les sources numériques incluent les serveurs Antipodes K50, Grimm MU1 et Taiko Audio Extreme, le transport CD Aqua Diva M2 ainsi que l’interface réseau Aqua LinQ.
Les câbles utilisés sont les Driade Flow Link Reference 808 en version symétrique et asymétrique, et les câbles HP Driade Flow Reference 808. Le support mécanique repose sur des racks Artesania Exoteryc et HRS EXR, avec plateformes et bras carbone.
Les MPD-8 et MPT-8 reçus étaient des modèles de démonstration bien rodés. Malgré cela, un certain temps d’adaptation est toujours bénéfique. Impatient, l’auteur a néanmoins démarré l’écoute immédiatement — et il a eu raison. Dès les premières notes, le duo a montré une maîtrise magistrale. Résolution, transparence, linéarité, neutralité, contrôle, articulation, dynamique, et expressivité : tout y est. À peine dix minutes d’écoute ont suffi pour le convaincre qu’il tenait là une électronique d’exception.
Le plus impressionnant ? Cette capacité rare à combiner perfection technique et émotion musicale. La musique coule avec une fluidité et une naturalité exceptionnelles, tout en conservant une précision et une définition qui raviront les plus exigeants.
Utilisé avec le Antipodes Oladra via USB, le MPD-8 restitue un son spacieux, fluide, richement timbré. Le DAC révèle avec fidélité les qualités de chaque source, sans jamais imposer sa propre signature — une transparence absolue, rare dans le monde des convertisseurs. Passer en AES/EBU depuis l’Oladra apporte une présentation un peu plus organique, plus fluide, au détriment d’un poil de tension et de netteté — mais la différence est ténue, preuve de l’excellence des deux interfaces du MPD-8.
Avec le Taiko Extreme, via Roon, on retrouve cette densité corporelle et cette richesse harmonique propres au serveur. Le MPD-8 révèle tout cela avec autorité et raffinement. Avec le Grimm MU1, la restitution est plus sobre, plus droite, un peu moins saturée, mais d’une précision exemplaire. Là encore, le MPD-8 ne colore pas — il révèle.
Avec des CD Red Book lus via le MPT-8 en AES/EBU, le rendu est percutant, direct, énergique, avec une dynamique et une articulation impressionnantes. C’est un son terre-à-terre mais expressif, sans excès de douceur ou de romantisme, mais jamais clinique. Une écoute enthousiasmante.
Puis vient le coup de grâce : la liaison PLINK. Dès la première écoute via cette fibre optique maison de Playback Designs, le rendu devient plus fluide, plus doux, plus aéré. On retrouve certaines des qualités des meilleurs transports à bras pivotant ou entraînement par courroie. Sur les SACD, le MPT-8 se montre à la hauteur du format : la restitution gagne en délicatesse, continuité, résolution — et reste à la fois incisive et charnelle. Via AES, le grave est un peu plus dense, l’ensemble plus “terreux” ; via PLINK, on gagne en légèreté et en transparence DSD typique.
Comparé au très musical Aqua La Diva M2, le MPT-8 affiche une vitalité, un impact et une expressivité supérieurs, malgré le raffinement de l’Aqua. À prix très différent certes, mais à niveau de performance nettement supérieur, le transport de Playback Designs se distingue comme une référence absolue.
La connexion USB du MPD-8 donne déjà d’excellents résultats avec Roon, mais… lorsque le signal est transmis via MPT-8 + PLINK, le saut qualitatif est net : plus de naturel, plus de délicatesse, plus d’expression. La connexion AES entre MPT-8 et MPD-8 donne un son plus vif, tandis que PLINK sublime la restitution avec une fluidité et une finesse de texture incomparables.
Même la simple entrée USB du MPT-8 surpasse celle du MPD-8, offrant une présentation plus incisive et expressive. Ce n’est pas qu’une question de fonctionnalité : le MPT-8 agit activement comme filtre haute précision, purifiant le signal et préservant l’intégrité musicale.
Le duo MPD-8 / MPT-8 incarne l’état de l’art du numérique, en combinant maîtrise technique, raffinement musical et architecture évolutive. En direct via USB ou via PLINK, avec fichiers ou disques, cette électronique affiche une musicalité bouleversante, sans jamais trahir la vérité du signal.
Déplacer le MPD-8 de son support HRS EXR vers le rack Artesania Exoteryc avec bras carbone apporte une évolution intéressante du rendu : moins d’impact brut, mais une restitution plus fluide, plus transparente. Chacune de ces approches a ses mérites, et les électroniques Playback Designs s’adaptent aussi bien à l’un qu’à l’autre.
Le remplacement du câble secteur Belden par un GigaWatt LC-2 EVO s’est avéré très positif. Ce câble conserve les forces du MPD-8 tout en lui apportant une linéarité et un équilibre accrus, rendant la présentation plus naturelle et crédible. Le LC-2 EVO peut parfois induire une légère sécheresse sur d’autres appareils, mais ici, il s’associe magnifiquement avec le MPD-8 — tout comme avec le CH C1.2, qui l’utilise en standard.
Et justement… comment se compare le MPD-8 au célèbre CH Precision C1.2 ?
Le niveau de sortie du MPD-8 en position 0 dB est bien plus élevé que celui du CH ; pour égaliser les niveaux, le réglage à -6 dB s’est avéré idéal. Bonne surprise : la qualité sonore du MPD-8 reste constante quel que soit le niveau de sortie, ne changeant que par une dynamique légèrement accrue en sortie plus élevée.
Premières notes en AES/EBU : ouf, le CH C1.2 tient la comparaison, mais la magie du MPD-8 reste intacte. Le CH conserve sa signature très articulée, précise et pleine de présence. Cela dit, les deux DAC affichent des caractères très différents :
Le CH C1.2 est plus droit, incisif, chirurgical, avec une mise au point presque laser. Il excelle en précision et en rigueur.
Le MPD-8, quant à lui, est plus aérien, liquide, fluide. Il propose une écoute plus sensuelle, plus “analogique”, d’une richesse émotionnelle rare.
Sur les aspects techniques purs — scène sonore, profondeur, précision tonale — les deux sont à égalité. Le CH reste plus « neutre », là où le Playback Designs semble plus « naturel », sans pour autant trahir la musique.
Face au Aqua Formula xHD, longtemps apprécié pour son équilibre, sa cohérence et sa musicalité, le MPD-8 s’impose nettement. Le Formula xHD reste précis et articulé, mais sa présentation paraît plus simple, plus technique, moins fluide, moins raffinée, et l’image stéréo moins vaste.
À ce niveau, il n’est plus question de hiérarchie stricte, mais de préférences d’écoute. Le MPD-8 ravira ceux qui recherchent la fluidité, le naturel et l’absence totale d’aridité numérique. Le CH conviendra à ceux qui privilégient l’analyse, la précision absolue et la neutralité clinique. Mais le MPD-8 ajoute de la magie là où le CH reste cérébral.
CONTRÔLE DE VOLUME ANALOGIQUE
Le MPD-8 intègre un contrôle de volume analogique de très haute qualité. Jusqu’à présent, il a été utilisé en mode fixe avec le préampli CH L1. L’heure est venue de le tester en connexion directe avec l’ampli de puissance CH A1.5.
Une fois le volume activé via le menu, l’afficheur inférieur devient actif. La restitution gagne alors en impact, densité, et précision, mais perd légèrement en fluidité et raffinement. Le son devient plus terre-à-terre, réaliste, incisif, mais moins aérien et enchanteur que lorsqu’on passe par le préampli CH. Ce n’est guère étonnant, puisque le CH L1 coûte à lui seul autant que le DAC !
Cela étant dit, la section de volume du MPD-8 est d’un niveau exceptionnel : purement analogique, totalement transparente, et avec une linéarité exemplaire sur toute la plage de réglage. Contrairement aux contrôles numériques souvent frustrants, le MPD-8 reste plein, vivant et dynamique même à bas volume.
CONCLUSION
Quand on a écouté des centaines de produits, il est rare d’être surpris. Et plus rare encore, d’être véritablement bouleversé. C’est pourtant ce qu’a réussi le Playback Designs MPD-8.
Il coche toutes les cases de la haute fidélité — résolution, transparence, linéarité, neutralité — mais va bien au-delà. Il combine ces qualités techniques avec une musicalité organique, fluide et émotionnelle, sans jamais sacrifier l’analyse ni la précision.
Le MPD-8 n’est pas simplement un excellent DAC. C’est une œuvre d’art technologique et sonore. Une référence.
Sans réserve, il mérite son statut de “Magnificent Masterpiece”.
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